Rached Ghannouchi a-t-il renoncé à ses ambitions présidentielles, pourtant clairement affichées depuis 2016 ? C’est ce que donnent à penser des informations circulant à propos de la candidature du président d’Ennahdha aux législatives de 2019, comme tête de liste dans la circonscription de Tunis 1.
Par Yüsra Nemlaghi
Cette information, qui reste encore à confirmer, car faisant encore l’objet d’un débat interne au sein du parti islamiste, n’a pas non plus été démentie par Imed Khemiri, porte-parole d’Ennahdha. Interrogé à ce sujet par les médias, aujourd’hui, mardi 16 juillet 2019, M. Khemiri a assuré qu’aucune décision à ce propos n’a encore été prise.
La guerre des chefs à Ennahdha
On sait cependant que les listes des candidats pour les législatives sont déjà prêtes et qu’elles seront bientôt présentées au cours d’une conférence de presse, sans doute avant le 22 juillet, date butoir pour leur dépôt auprès de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie).
D’ailleurs, des sources proches du parti islamiste ont indiqué à Express FM que Rached Ghannouchi aurait récemment procédé à des modification des listes électorales : Abdellatif Mekki, initialement tête de liste à Tunis 1, aurait été pressenti pour présider la liste du Kef, sa région d’origine, pour laisser sa place au chef du parti….
La même source a ajouté que M. Mekki a refusé de prendre la place du candidat initialement désigné au Kef, Houcine Jendoubi, et que cette affaire fait des gorges chaudes au sein du mouvement islamiste où tout se règle en interne. C’est ce qu’a d’ailleurs répondu M. Mekki, refusant de commenter ces informations qualifiées de «cuisine interne», toujours selon Express FM.
Une cuisine bien épicée, si l’on en juge par les combats homériques que se livrent continuellement les dirigeants historiques d’Ennahdha, sous le regard narquois et intéressé des petits jeunes qui poussent derrière.
Un poste d’observation avancé
Reste à se demander quelle mouche à piqué M. Ghannouchi pour revoir ainsi ses ambitions à la baisse, la députation n’étant pas, à priori, un objectif à la hauteur du vieux cheikh, au terme d’un demi-siècle de leadership politique.
Cependant, les cercles informés ont la réponse : incapable de figurer dans le top 10 des personnalités susceptibles de briguer la présidence de la république, M. Ghannouchi s’est résigné à briguer une autre présidence, tout aussi importante dans le système parlementaire en vigueur en Tunisie: la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP): à la fois, une planque propice aux siestes et un poste d’observation avancé pour bien contrôler les affaires de la république.
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