L’équipe d’Algérie ayant remporté, hier soir, vendredi 19 juillet 2019, au Caire, la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2019) est un groupe solide ayant appris la solidarité avant, pendant et après chaque match. Il a surtout appris à regarder dans la même direction, avec la même envie. Sous la direction d’un entraîneur en symbiose avec ses joueurs. Le résultat est aujourd’hui fabuleux.
Par Hassen Mzoughi
Grâce à une courte victoire 1-0, obtenue par un but de Baghdad Bounedjah, après seulement 79 secondes de jeu, les Fennecs ont donc remporté la CAN 2019, 29 après leur premier titre enlevé en 1990 par la génération dorée des Rabah Madjer, Djamel Menad, Moussa Saib, Cherif Oudjani, Fodhil Megharia (l’excellent arrière central passé par le Club africain)…
Une deuxième étoile après une longue disette.
La CAN 2019 a été celle des Algériens, de l’équipe la plus séduisante, la plus solide, celle qui a maîtrisé son tournoi de bout en bout, y compris la finale, malgré une longue souffrance face à un entreprenant mais inefficace Sénégal, qu’ils ont battu en phase de poules puis en finale sur le même score.
Malgré toute la tension d’une finale où il y avait très peu de jeu et le grand stress d’une intervention de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR), sur un supposé penalty en faveur des Sénégalais, les hommes de Djamel Belmadi ont tenu le choc sans faiblir, confirmant l’expression selon laquelle une finale ça se gagne avant toute chose. Leur sang-froid a payé et tant pis pour le spectacle !
Meilleure défense et meilleure attaque
Sans livrer le plus beau match de sa compétition, l’Algérie a tout de même terminé avec la meilleure défense (0 but encaissé), la meilleure attaque (9 buts réussis) et reste invaincue depuis octobre 2018.
Au-delà des chiffres, le contenu des matchs est plus qu’intéressant : pressing haut et très intense initié par Baghdad Bounedjah et Youcef Belaili, alternance entre séquences de possession et jeu direct très agressif, capacité du bloc à isoler les attaquants adverses… Les Algériens excellent des deux côtés du terrain. Impeccables défensivement, grâce notamment à Ismail Bennacer (élu meilleur joueur du tournoi) et Adlène Guedioura les deux marathoniens de l’entre jeu, Djamel Benlamri et Aissa Mandi, les défenseurs centraux grands artisans du sacre, ils se montrent également très efficaces dans les trente derniers mètres.
Belmadi, un grand frère rassembleur
Hier soir a vu l’avènement d’une nouvelle génération et de son guide Djamel Belmadi, qui a transformé en un an une équipe moribonde, en une machine à gagner.
Après la Coupe du monde 2014 (sortis de justesse en huitièmes par l’Allemagne) et le départ du sélectionneur Vahid Halilhodžić, les Guerriers du désert s’étaient égarés : mauvaise ambiance, éliminés dès le premier tour de la CAN 2017, non qualifiés pour le Mondial 2018… En cinq ans, six entraîneurs ont défilé : Christian Gourcuff, Nabil Neghiz, Milovan Rajevac, Lucas Alcaraz, Georges Leekens et enfin la légende du foot algérien Rabah Madjer.
Ce succès porte la marque Belmadi. À la tête des Verts depuis le 2 août 2018, l’ancien international (20 sélections) a su redonner une «âme» à cette équipe algérienne. Il a ramené l’esprit de la gagne. C’est surtout un meneur d’hommes respecté par ses joueurs et un rassembleur. Pour preuve, son onze titulaire, composé de six joueurs formés en France et de cinq joueurs «locaux», est un amalgame parfait pour performer dans un tel tournoi. Rigueur, discipline, sens du sacrifice, les Algériens, longtemps réputés pour être de fins techniciens, sans faire les efforts nécessaires pour aller loin lors des dernières CAN, ont rarement affiché un tel niveau de solidarité.
Titulaires comme remplaçants «se défoncent» sur le terrain. Une grande confiance et beaucoup de respect pour cet homme qui ne vient pas de nulle part. L’exemple significatif reste Yacine Brahimi, une des stars de l’attaque auquel Belmadi a préféré Youcef Belaili, décision acceptée avec fair-play par le joueur de Porto. Parce que les joueurs le considèrent comme «un grand frère» qui a su mettre un terme aux luttes d’ego. Il les a renforcés sur le plan mental, sur celui de la cohésion de groupe, en responsabilisant les joueurs importants pour encadrer les plus jeunes. Les joueurs ont fait bloc avec leur entraîneur, jurant de remporter le titre. Pour le l’Algérie d’abord. Cet esprit conquérant est l’un des aspects significatifs de la force du collectif algérien où tout le staff fonctionne dans le même sens, avec la même volonté de réussir.
Une préparation haut de gamme
Le sens de la discipline a fait des Fennecs des lions sur le terrain, à l’image de la finale où le Sénégal, malgré tout son talent, n’a pas trouvé la clé pour égaliser.
Lors de cette CAN, les Algériens ont impressionné par leur puissance physique, avec un travail colossal de pressing, de récupération (ils sont impeccables dans les duels) et de jeu de contre-attaque épuisant, son atout maître, qui a été considérablement soigné par le staff technique et médical depuis l’arrivée de Djamal Belmadi. Il y a incontestablement un gros travail mental de réalisé pour voir un groupe évoluer avec une telle détermination. Ce groupe a appris la solidarité avant, pendant et après chaque match. Il a surtout appris à regarder dans la même direction, avec la même envie. Le résultat est aujourd’hui fabuleux.
L’équipe d’Algérie ouvre une nouvelle ère, pleine de promesses, mais le plus important maintenant, c’est la continuité et la stabilité. Les autres équipes, et notamment la nôtre, doivent en prendre son exemple.
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