L’artiste algérien Rachid Koraichi a créé «Jardin d’Afrique», un cimetière pour immigrés à Zarzis.
Par Hakim Bishara
Le cimetière comportera des émigrés inconnus, un endroit pour laver les corps, un monument, et une chapelle pour tous les services religieux. Chaque tombe portera le nom de l’émigré défunt, la date de son décès, et son code ADN, pour déterminer si le corps est celui d’un homme, d’une femme, ou d’un enfant.
Rachid Koraichi s’est rendu pour la 1ère fois à Zarzis, en décembre dernier, et a entendu des informations sur les mauvais traitements infligés aux corps de centaines de migrants noyés et ensevelis en Tunisie, et a vu leurs photos.
Après avoir constaté la terrible réalité sur le terrain, il décida de lancer son projet. Il a acheté un terrain agricole d’environ 2.508 mètres carrés chez un agriculteur local, pour son projet entièrement autofinancé.
«Ce qui m’a également poussé à créer le « Jardin africain », c’est que nous, les Nord-Africains, avons tendance à tourner le dos à l’Afrique subsaharienne. Il est fondamentalement important de donner de l’importance à cette terre, qui est un grand continent de l’autre côté», a-t-il déclaré.
Mais en juillet, alors que le projet en était encore à ses débuts, 90 migrants anonymes, dont un bébé et une femme enceinte, ont été emmenés au sépulcre, après s’être noyés en Méditerranée.
Les autorités tunisiennes ont demandé à Koraichi d’enterrer 56 des corps dans son cimetière inachevé, déclarant que les cimetières locaux étaient presque pleins. Les corps sont actuellement enterrés dans des tombes sans noms, mais seront déplacés vers des parcelles funéraires appropriées lorsque le projet sera terminé.
L’intérêt de Koraichi pour les crises migratoires trouve son origine dans une histoire personnelle douloureuse: son frère Mohamed qui avait un an de plus que lui, s’est noyé en Méditerranée peu de temps après l’indépendance de l’Algérie en 1962. Son corps n’a jamais été retrouvé…
Traduit de l’anglais par Amina Mkada
Source : « Hypoallergic.com ».
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