La chaîne privée El-Hiwar Ettounsi a décidé de porter plainte contre le juge Hammadi Rahmani qu’elle accuse de violence verbale et d’appel à la haine à l’encontre de ses journalistes.
C’est Myriam Belkadhi qui a annoncé cette nouvelle ce soir, mardi 15 octobre 2019, sur le plateau de l’émission « Tounes El-Youm », en accusant le juge Hammadi Rahmani d’avoir publié hier, sur son compte Facebook, «un statut diffamatoire, violent, appelant à la haine et mettant en danger les journalistes de la chaîne, qu’il appelle à faire fermer».
Pour le chroniqueur Lotfi Laamaari, ce statut est plus dangereux qu’une agression physique d’autant qu’il a été écrit par un juge. «Nous sommes des gardiens de la patrie et nous ne détenons pas la vérité mais nous œuvrons pour que le pays aille toujours bien. Si un juge se permet de diffuser un tel message, c’est que le moment est grave», a-t-il estimé.
«On ne va pas se rabaisser à ce niveau et nous n’allons pas lui répondre, parce qu’il n’est pas plus facile que de faire preuve d’impolitesse», insiste Lotfi Laamari, en rappelant à ceux qui n’apprécient pas les idées d’El-Hiwar qu’ils peuvent changer de chaîne.
Quant à la chroniqueuse Maya Ksouri, avocate de son état, elle a accusé le chef du gouvernement Youssef Chahed d’ameuter les gens contre les médias et d’être derrière les attaques dont fait l’objet la chaîne.
«Je ne suis pas si étonnée. Lorsque le chef du gouvernement déclare, au lendemain de la présidentielle, que les Tunisiens ont voté contre la corruption et ses branches médiatiques, évidemment les médias qui ne vont pas dans son sens, on ne peut s’attendre qu’à une pareille réaction», a assuré Mme Ksouri, tout en rappelant ses réserves concernant le nouveau président de la république Kaïes Saïed (élu avec 72,71%). Elle et ses collègues ont, il est vrai, fait campagne pour son concurrent, le patron de Nessma TV, homme de communication et de publicité, Nabil Karoui, poursuivi dans des affaires de fraude fiscale et blanchiment d’argent
On notera que Hammadi Rahmani a accusé El-Hiwar Ettounsi de tenir «un discours violent, diffamatoire et visant à diviser les Tunisiens, pouvant conduire à des actes de vengeance et à des crimes», en appelant à faire fermer la chaîne et à juger ses responsables.
«Il faut agir pour éviter de payer le prix. On paiera cher le prix si on ne protège pas la liberté, la paix sociale et la démocratie», lit-on encore dans le statut du juge, qui n’y est pas allé par quatre chemin.
Il faut rappeler aussi que le patron de la chaîne Al-Hiwar Ettounsi, Sami Fehri, resté en retrait de cette polémique, est poursuivi lui aussi par la justice depuis 2011 dans une affaire de corruption suite à une plainte déposée contre lui par l’Etablissement de la Télévision Tunisienne (ETT). Le procès est, depuis, régulièrement reporté.
Yüsra Nemlaghi
Donnez votre avis