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Le poème du dimanche : ‘‘Du mérite du pétrole sur le sang’’ d’Ashraf Fayadh

Poète palestinien né à Gaza en 1980, d’Ashraf Fayadh a émigré avec sa famille en Arabie Saoudite où il fut condamné à mort en novembre 2015 pour athéisme par des extrémistes religieux. En réalité, il s’agit d’une poésie critique de la pauvreté et de la condition sociale dans le royaume.

En 2016, sa peine fut commuée en huit ans de prison et 800 coups de fouet. Il est l’auteur notamment d’un recueil ‘‘Atta’limat biddakhil’’ (Instructions à l’intérieur) paru en 2007 à Beyrouth. En 2016, des événements solidaires demandant sa libération ont eu lieu à Paris à la Maison de la poésie et au Théâtre des Abbesses. Les Ed. Les Temps de cerise ont publié de lui une traduction par Abdellatif Laâbi.

Sache Que Dieu te protège
Que le pétrole s’est répandu et que son utilisation est notoire
Et le pétrole… comme on dit a des bienfaits pour les humains

O vous qui errez
Votre errance est célèbre à travers les pays
Vous avez échoué
Les moyens pour sauver l’âme se sont séparés
Du néant qui se propage entre vos côtes

Ton sang muet ne dira pas mot
Tant que tu te vantes de la mort
Et tu affirmes secrètement que tu as confié l’âme à celui qui ne la comprend pas
La perte de l’âme exige un temps qui ne suffira pas
Pour consoler tes yeux effrayés de ce qu’ils ont coulé comme pétrole

Tu trembles maintenant
Prends ce qui est possible de ton sang
Afin de remplir le ventre de l’exil
Afin de retenir le pétrole de ceux qui dressent
Leur intention de s’opposer à ton âme
Afin de demander pardon à l’eau du fleuve
Et t’excuser à haute voix à ton sang qui s’infiltre en son sein

Gracieusement
Des paroles avortées
Un paquet de cigarettes utilisé
Une boite dans laquelle ta mère a jeté ton cri
Pour que la mer te rejette sur le bord d’une peur d’une genre auquel tu n’es pas habitué
Où l’orage t’a engagé à féconder le nuage
Pour enfanter une pluie qui n’essuie pas la honte de la peur du fleuve qui dort dans les bras de la déception

Les bulles noires de pétrole
Se promènent parmi tes cellules
Réparent ce que ta nausée
N’a pu t’en libérer *

Poème traduit de l’arabe par Tahar Bekri.

* Extrait du recueil ‘‘Atta’limât biddâkhil’’ (Instructions à l’intérieur), éd. Al Farabi, Beyrouth, 2007.

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