La bande-annonce de l’émission sur les financements occultes d’Ennahdha, diffusée il y a 2 jours, par El-Hiwar Ettounsi, n’est plus disponible ni sur la page Facebook de la chaîne de Sami Fehri, ni sur celles qui lui sont liées. Ce dernier a-t-il renoncé à sa diffusion, après les menaces du parti islamiste de le poursuivre en justice ?
Par Yüsra Nemlaghi
Au lendemain du communiqué publié hier soir, jeudi 31 octobre 2019, par Ennahdha, qui se dit visé par une campagne de dénigrement et qu’il se réserve le droit de saisir la justice, il n’y a plus aucune trace de cette bande-annonce où Sami Fehri annonçait une émission spéciale pour dévoiler des informations sur les malversations financières de ce parti et le rôle qui y joue le chef islamiste Rached Ghannouchi.
Faut-il croire que Sami Fehri s’est rétracté et qu’il ne diffusera pas ladite émission, craignant de nouvelles poursuites judiciaires, dont il se passerait volontiers, ou qu’il cherche seulement à faire le buzz ? Ou y a -t-il eu, entre-temps, un deal ou un compromis entre les deux parties ?
La chaîne n’a encore rien dit à propos de la «disparition soudaine» de cette bande annonce, qui avait bizarrement été diffusée, quelques heures après l’annonce du gel des avoirs de Sami Fehri et de son épouse et leur interdiction de voyage, sur décision du pôle judiciaire et financier, dans le cadre de l’affaire de corruption et de détournement de fonds publics, liée à Cactus prod.
Kapitalis a contacté Me Taieb Bessadok, l’avocat interviewé par Sami Fehri lors de cette émission. Il dit ne pas avoir été informé de l’éventuelle annulation de la diffusion de cette émission.
Me Bessadok précise, par ailleurs, que lorsque la chaîne l’a contacté, on lui avait indiqué qu’il allait être interrogé sur l’affaire Sheraton Gate, opposant sa cliente Olfa Riahi au dirigeant Ennahdha, Rafik Abdessalem Bouchklaka, ancien ministre des Affaires étrangères.
«On ne m’avait pas parlé d’émission spéciale, mais d’un témoignage qui serait diffusé dans l’émission « Les 4 vérités »», a précisé l’avocat en ajoutant qu’il avait été contacté par une journaliste et a été surpris de voir Sami Fehri débarquer dans son bureau.
Me Bessadok a été contacté, le 28 octobre, pour un rendez-vous, le soir même, qu’il a dû décliner pour indisponibilité et la journaliste, insistante, voire pressée, lui a demandé de le voir le lendemain, tôt le matin.
A 10 heures tapantes, elle était dans le bureau de l’avocat, accompagnée d’une équipe, de 2 caméras et du patron de la chaîne privée.
«Lorsque nous avons enregistré l’interview, le pôle financier n’avait pas encore pris sa décision de gel des avoirs et d’interdiction de voyage de Sami Fehri et de son épouse», a tenu à préciser Me Bessadok, qui assure ne pas être responsable de la manière avec laquelle la bande-annonce a été présentée et que, tant qu’il n’a pas encore vu le contenu de l’émission, il se garde de tout commentaire. Il ajoute aussi que son seul objectif était d’évoquer l’affaire opposant sa cliente à Rafik Bouchlaka, d’autant qu’elle a récemment refait surface après la diffusion de documents, par ce dernier, qui crie son innocence, en se disant blanchi par la justice, chose catégoriquement démentie par l’avocat et Olfa Riahi, la plaignante.
En attendant que Sami Fehri donne des précisions, si toutefois il compte le faire, on peut comprendre, qu’encore une fois, le patron d’El-Hiwar Ettounsi a cherché un bad buzz pour faire diversion sur les affaires de corruption pour lesquelles il est poursuivi depuis 2011 et/ou mettre la pression sur des parties qui n’ont rien à lui envier à ce propos.
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