Nous vous l’annoncions il y a quelques jours, Slim Feriani aurait confirmé la mise en exploitation du champ gazier de Nawara, à Tataouine, dans le sud de la Tunisie, d’ici à la fin 2019. Les attentes relatives à ce projet déjà retardé à de nombreuses reprises inquiètent cependant et cela pourrait peser sur l’économie tunisienne en 2020.
Par Meriem Majdoub
Que ce soit pour le pétrole ou le gaz naturel, notre pays doit actuellement importer une grande partie des ressources énergétiques utilisées.
La dépendance énergétique de la Tunisie, un véritable handicap
Selon le communiqué de presse officiel de septembre 2019 concernant le commerce extérieur aux prix courants, les importations de produits énergétiques ont enregistré une hausse de 24,3% sur les neuf premiers mois de l’année 2019 par rapport à l’année précédente. L’augmentation des importations de gaz naturel est faramineuse avec un pourcentage supérieur à 60%. Il est donc évident que l’exploitation du champ gazier de Nawara est un enjeu stratégique pour la nation.
Le cas de la Tunisie n’est cependant pas un cas isolé. De nombreux pays dépendent des importations pour assurer leurs besoins en gaz naturel. L’Allemagne, par exemple, est d’après les données sur l’importation des matières premières le pays premier importateur mondial de gaz naturel loin devant l’Italie qui occupe la seconde position.
Cette dépendance externe entraîne une vulnérabilité importante aux variations du prix du gaz sur le marché. La Tunisie accuse un véritable retard quant à l’exploitation de ses propres ressources gazières, surtout si l’on compare avec son voisin algérien, troisième exportateur mondial en 2018.
Trop d’attentes pour le champ Nawara
Les prévisions du gouvernement tunisien tablent sur Nawara pour contribuer de près de 1% à la croissance de l’économie nationale en 2020 et réduire le déficit commercial de 7% environ. La mise en exploitation a clairement été prise en compte dans l’élaboration de la Loi des Finances 2020 actuellement examinée par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Ces chiffres sont ambitieux. Il reste donc à espérer qu’un nouveau grain de sable ne vienne pas se mettre dans l’engrenage du champ gazier situé à Tataouine. Les autorités tunisiennes semblent en effet abattre leurs dernières cartes pour maintenir l’économie à flot dans les années à venir.
Les énergies renouvelables, une alternative ?
Cette dépendance au projet Nawara qui, rappelons-le, est une joint-venture avec une entreprise autrichienne a de quoi inquiéter. Heureusement, d’autres initiatives sont actuellement en cours de développement dans le domaine notamment des énergies renouvelables. Une ligne électrique sous-marine reliant l’Italie et la Tunisie pourrait être opérationnelle d’ici à 2025. L’ambition derrière ce projet serait d’exploiter l’énergie solaire du désert tunisien. Le spectre du projet Desertec pointe clairement à l’horizon.
Pour mémoire, ce projet ambitieux avait pour but d’installer des dizaines de centrales solaires dans le désert saharien afin d’acheminer ensuite l’énergie produite vers l’Europe. Bien qu’au point mort depuis 2015, l’idée sous-jacente à Desertec est loin d’être tombée aux oubliettes et refait régulièrement l’actualité.
Actuellement, seuls 3% des énergies utilisées sur notre territoire proviennent d’énergies renouvelables. Cela pourrait donc fortement évoluer dans le futur. En attendant, la Tunisie devra se contenter de retenir son souffle en espérant que le projet Nawara délivre toutes ses promesses avant la fin de l’année 2019.
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