Le député Seifeddine Makkhlouf, président du bloc parlementaire Al-Karama, a été condamné aujourd’hui, vendredi 13 décembre 2019, à 20 mois de prison ferme, suite à la plainte déposée à son encontre, en février dernier, par le procureur de la république du tribunal de Sidi Bouzid, dans l’affaire du Centre coranique de Regueb.
C’est ce que rapporte Babnet, en citant une source judiciaire, et en précisant que le prévenu ne s’est pas présenté devant le juge.
Rappelons que Seifeddine Makkhlouf, avocat de son état, avait proféré des menaces contre le procureur de la république du tribunal de Sidi Bouzid suite à sa décision de fermeture du Centre coranique de Regueb, pour maltraitance et abus sexuels sur enfants, ainsi que suspicion de liens avec le terrorisme.
Me Makhlouf, surnommé l’avocat des terroristes et qui n’avait pas à l’époque encore accédé au parlement, soutenait les parents des élèves du centre et s’était opposé à la fermeture de celui-ci estimant que l’Etat menait une guerre contre l’islam (sic!).
Dans une vidéo où il s’adressait au procureur, l’avocat avait lancé : «Tant qu’à faire puisque la police est sous tes ordres, tu peux poursuivre ces enfants pour trafic de drogue et s’il le faut mobiliser l’armée contre ce centre. Si tu es un homme, viens ici à Tunis. On va vous ignorer, vous et vos ministres, et les enfants on va les reprendre et on en reparlera à notre manière».
«Les imams que vous détestez, on va les remettre en poste et on va rouvrir les écoles coraniques que vous avez fermées. C’est nous ou nous, vous n’avez pas votre place ici. De toute façon vous ne comprenez pas avec la loi et la rue dira son mot», avait-il aussi dit dans une autre vidéo.
Sa déclaration, qui s’apparente à une menace claire, avait provoqué la colère de ses consœurs et confrères et le bureau régional de l’ordre des avocats de Tunis avait alors ouvert une procédure disciplinaire contre Me Makhlouf.
Ce dernier s’était excusé quelques jours après, arguant qu’il avait parlé sur le coup de la colère…
Rappelons aussi que l’enquête menée sur le centre Ibn Omar, dirigé par Farouk Zribi (28 ans) a permis de révéler des abus sur ses enfants, qui vivaient coupés du monde.
Trois d’entre ont été victimes de viol par un un salafiste adulte, inscrit dans ce centre coranique, et qui a été condamné à 20 ans de prison.
Farouk Zribi est toujours en détention, objet d’une enquête pour exploitation de mineurs et une autre menée par le pôle antiterroriste. Il a également été condamné à un an de prison ferme pour mariage illégal (ôrfi) avec une 2e épouse.
Quant aux enfants, issus de différentes régions du pays, ils ont été pris en charge par des spécialistes après leur endoctrinement, afin de regagner les bancs de l’école. D’autres ont intégré un cycle de formation.
Quant à la condamnation de Seifeddine Makhlouf, dont le bloc parlementaire préside, depuis hier, la commission des forces armées (ce n’est pas une blague, ainsi va la démocratie d’opérette à la Tunisienne!), elle ne sera appliquée qu’en cas de levée de son immunité parlementaire… et ce n’est pas gagné sachant que, par le passé, la justice avait envoyé plusieurs demandes à l’Assemblée pour lever l’immunité de députés poursuivis en justice, demandes restées sans réponse… Des législateurs hors-la-loi en quelque sorte…
Y. N.
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