Le Club africain (CA) et le Stade tunisien (ST) ont fait valoir deux grandes qualités : abnégation et réalisme, pour rester dans la bonne dynamique. Le contraire du Club sportif sfaxien (CSS) et l’Etoile sportive du Sahel (ESS), pas encore au meilleur de leurs moyens !
Par Hassen Mzoughi
Le CA a poursuivi sa série positive avec un 8e match consécutif sans défaite, grâce à une victoire (1-0) sur le CSS (CSS), hier dimanche 15 décembre 2019, au stade de Radès, pour le compte de la 12e journée du championnat de Tunisie de Ligue 1.
Avec ce succès, le 9e en 11 matches (le derby contre l’Espérance sportive de Tunis, EST, est reporté), grâce à un but de son attaquant Yassine Chamakhi, à la 79e minute, le CA se hisse à la 2e place (22 points), à 3 longueurs du leader, l’Union sportive monastirienne (USMo), et devant son adversaire du jour, désormais en 3e position avec 21 points.
CSS : 10 buts de plus que le CA !
Alors que le CA reste dans la dynamique des résultats positifs, grâce à son réalisme et à sa rigueur, le CSS ne trouve pas encore son équilibre puisqu’il a subi sa deuxième défaite consécutive en déplacement après son échec devant le ST au Bardo. Les Sfaxiens n’ont donc pas gagné face aux 4 formations de tête (USMo, EST, ST et CA). Il leur reste un match en retard contre l’ESS.
Dans cette rencontre très disputée hier à Radès, le CA s’est montré beaucoup plus déterminé et patient, avant de frapper grâce à la dextérité du rentrant Zouheir Dhaouadi et la précision de Chamakhi, exploitant une grosse erreur de marquage et de couverture de la défense sfaxienne. Une des erreurs qui se répètent cette saison au CSS, et qui expliquent la perméabilité de l’arrière-garde des «Noirs et blanc» : 11 buts encaissés en 11 matches, 10 buts de plus que le CA et plus que le double des buts concédés par l’USMo en autant de matches.
Avec une telle fragilité défensive (toujours des espaces favorables aux attaquants adverses), difficile d’être compétitif sur la durée. Chahuté par la fréquence des changements d’entraîneurs, déstabilisé par l’avalanche des blessures (7 joueurs touchés), un énorme point d’interrogation, le CSS fait ce qu’il peut, comme hier, mais il faut d’autres arguments (y compris des renforts) pour contourner les difficultés et retrouver la constance.
CA : une équipe et des arguments
Le CA affiche, lui, des chiffres éloquents malgré un effectif assez réduit : 1 seul but encaissé en 11 matches, outre la meilleure attaque (17 buts, dont 10 répartis à égalité entre Chamakhi et Basirou Compaoré), ex-aequo avec l’USMo.
Cette solidité défensive du CA, c’est avant tout une affaire de rigueur collective, de cran et de volonté chez tous les joueurs. Le CA a une âme, une forte personnalité qui fait son AOC. Cette réussite, c’est également l’apport d’un homme, Atef Dkhili. En grande forme cette saison, le portier clubiste, un vrai miraculé après sa très grave blessure, est un facteur stabilisateur, Monsieur 50%. Il l’a démontré hier en effaçant 2 buts sur deux alertes dangereuses en première mi-temps de Firas Chawat (12’ et 23’). Il a maintenu son équipe dans le match, ce qui n’est pas rien pour la confiance de l’ensemble, sans oublier le rôle de l’entraîneur, Lassaad Dridi, un grand frère qui sait communiquer avec son groupe, et bien entendu cet admirable public très solidaire de son équipe, avec notamment son effort considérable pour «battre» la Fifa et ses sanctions, en versant plus de 5 millions de dinars tunisiens (MDT) au fonds de soutien «CA-litiges Fifa». Reste un petit effort pour régler les impayés de Yoan Touzghar avant fin décembre, qui serait une opération salutaire pour lever l’interdiction de recrutement.
ST : solidité et solidarité
Comme le CA, le ST brille lui aussi par sa solidité et sa solidarité. Le succès appelant le succès, il a remporté une large victoire (3-1) face à l’ESS, grâce à un triplé de sa flèche congolaise Guy Mbenza (33’, 45’ et 65’). Celui-là même que l’ESS avait refoulé il y a deux ans.
Hazem Haj Hassen a réduit le score pour l’ESS (64’) avant que Yassine Chikhaoui ne rate un penalty en fin de rencontre. Dans ce match également disputé, le ST a encore impressionné par son remarquable esprit de corps.
Depuis l’arrivée de Jalel Kadri sur le banc technique, le club du Bardo a connu une belle métamorphose. Il occupe aujourd’hui une place sur le podium, largement méritée (3e avec le CSS).
Depuis la 4e journée, le 29 septembre, date de sa prise de fonction, Jalel Kadri a remporté 6 victoires dont 4 successives, 2 nuls contre l’EST et l’US Ben Guerdane au Bardo et une seule défaite en 9 matches.
On demande trop à Yassine Chikhaoui
Au-delà de la qualité des joueurs, certains arrivés en début de saison, le ST s’est débarrassé d’une tare qui l’a handicapé la saison dernière, à savoir sa friabilité défensive. L’ex-gardien de l’Espérance, Ali Jemel, est venu combler une lacune dans la cage, en plus des Walid Hasni, Houssem Bnina, Ali Maatoug, alors que le régulateur et capitaine Seifeddine Akremi s’emploie à encadrer ses coéquipiers.
Jalel Kadri a axé son travail sur la stabilité de l’équipe, notamment la défense, tout en demandant de l’agressivité dans le jeu. Cela a été évident et payant hier contre l’ESS qui a pourtant tout fait pour gagner ce match mais sans l’essentiel : la précision et la vitesse dans la zone de réparation. Même si l’arbitre Nidhal Letaief aurait dû accorder un but et un penalty réguliers à l’équipe visiteuse.
Reste que sur ce chapitre offensif, Yassine Chikhaoui ne peut pas tout faire. Hier, il a joué carrément attaquant de pointe mais difficile de lui demander à la fois de marquer et d’être le créateur du jeu !
Et quand on a en face une équipe qui sait défendre et contre-attaquer, avec un attaquant survolté à qui tous les gestes réussissent, Guy Mbenza, auteur du premier hat trick de la saison, il faut surtout éviter de lui concéder les espaces. L’ESS a oublié cette règle du jeu et elle en payé les frais. Comme le CSS face au CA.
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