Rached Ghannouchi est en tournée dans les régions du sud pour tenter de reprendre la main sur les militants d’Ennahdha, attirés par son ex-allié Moncef Marzouki.
Par Imed Bahri
Le président du parti islamiste, qui fait partie de la coalition gouvernementale, est arrivé, samedi 30 mai 2015, à Tataouine, accompagné d’autres dirigeants d’Ennahdha, dont l’ex-chef du gouvernement provisoire Ali Larayedh, pour une tournée dans les régions du sud, visant à resserrer les liens.
Ces liens se sont, il est vrai, quelque peu distendus ces derniers temps, entre la direction centrale du parti islamiste à Tunis et ses troupes dans les régions intérieures, notamment celles du sud, qui ont voté, dans leur majorité, pour l’ex-président provisoire Moncef Marzouki lors de la dernière présidentielle et semblent sensibles à son extrémisme pseudo-révolutionnaire.
Lors d’une réunion, hier, à Tatapuine, Rached Ghannouchi s’est invité dans la polémique provoquée par la campagne «Où est le pétrole?» animée par les adeptes de Marzouki et des extrémistes des Ligues de protection de la révolution (LPR), ces milices islamistes violentes dissoutes par décision de justice et qui louent désormais leurs services à l’ex-président provisoire.
«Dire que la Tunisie baigne sur une mer de pétrole est une tromperie qui n’a rien à voir avec la réalité. Car la Tunisie ne produit même pas la moitié de ce qu’elle consomme», a-t-il déclaré. «Il revient cependant au gouvernement de dire au peuple la vérité sur l’état de ses richesses naturelles», a-t-il ajouté.
En réponse à ceux qui multiplient les campagnes de déstabilisation visant à faire tomber le gouvernement, Rached Ghannouchi a lancé: «Ceux qui veulent faire tomber le gouvernement ou le changer n’ont qu’une seule solution: aller aux urnes ou à l’Assemblée des représentants du peuple.»
Dans une interview, dimanche, à Radio Tataouine, le président d’Ennahdha a accusé, par ailleurs, ceux qui ont perdu les dernières élections d’être les instigateurs des sit-in et des mouvements sociaux paralysant l’appareil de production dans plusieurs régions du sud du pays.
«Ce qu’ils ont échoué à réaliser par les urnes, ils cherchent à y parvenir en instrumentalisant la rue et en paralysant la production dans le pays», a-t-il déclaré, dans une allusion limpide au Congrès pour la république (CpR) et les formations apparentées.
M. Ghannouchi a réaffirmé, dans le même entretien, son soutien de la décision du gouvernement de prélever les jours non travaillés des salaires des grévistes de la fonction publique. «On ne peut mettre sur un même pied d’égalité ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas», a-t-il souligné. Entretien de M. Ghannouchi à Radio Tunis.
M. Ghannouchi doit animer un meeting, dimanche, à Medenine, avant de visiter, la semaine prochaine, les gouvernorats de Kébili, Gabès et Sidi Bouzid.
«Ces rencontres visent à resserrer les liens avec la base du mouvement et à lui expliquer la nature de la phase actuelle et des défis que confronte le pays», a indiqué Zoubeir Chehoudi, directeur de cabinet de M. Ghannouchi. Et d’ajouter: «Cette visite vise aussi à parler aux militants du mouvement et à les mobiliser autour du choix du consensus à travers la discussion et le dialogue».
En d’autres termes, la direction d’Enahdha tente d’arracher une partie de sa base à l’influence néfaste et destructrice de Moncef Marzouki et de ses alliés objectifs : les salafistes jihadistes .
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