Dire que Fadhel Abdelkefi est une compétence nationale indépendante est sinon un mensonge du moins une exagération. Car, tout les Tunisiens et les Tunisiennes connaissent les liens très forts de cet homme avec le parti Qalb Tounes et son président Nabil Karoui.
Par Imed Bahri
Le nouveau ministre du Plan, du développement et de la Coopération internationale dans le cabinet proposé par Habib Jemli, chef de gouvernement désigné par Ennahdha, est sans doute une compétence dans son domaine de spécialisation, les finances, étant diplômé de sciences économique de l’université Panthéon-Sorbonne et président du conseil d’administration de Tunisie Valeurs, la société d’intermédiation boursière fondée par son père Ahmed Abdelkefi.
Une compétence présumée mais qui mérite d’être prouvée
Ce quinquagénaire BCBG, «enfant de bonne famille», disent les bobos de La Marsa et de Carthage, avait également été président du conseil d’administration de la Bourse de Tunis de 2011 à 2014. Puis ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale du 27 août 2016 au 12 septembre 2017, pendant 1 an et 16 jours, et simultanément, ministre des Finances par intérim, après le limogeage de Lamia Zibi, du 30 avril au 12 septembre 2017, pendant 4 mois et 13 jours, avant de démissionner de ses deux postes ministériels suite à la révélation d’une affaire d’infraction douanière intentée contre lui par la direction de la Douane Tunisienne, affaire dont il sera d’ailleurs ultérieurement lavé.
Durant son mandat de ministre, M. Abdelkéfi n’a pas brillé par les réformes qu’il aurait mises en route ou par des mesures exceptionnelles qui auraient amélioré l’investissement, le développement régional ou les équilibres financiers, domaines dont il avait alors la charge. Sa compétence intrinsèque ne fait cependant pas de doute.
Une trop grande proximité avec Nabil Karoui et Qalb Tounes
Cela dit, le problème avec cet homme c’est sa très grande proximité avec Nabil Karoui et Qalb Tounes. Il a lui-même revendiqué sa «grande amitié» avec le magnat de télévision. Et a, d’ailleurs pris sa défense, de façon pour le moins tapageuse, sur plusieurs médias audiovisuels, lorsque ce dernier a été arrêté, le 23 août 2019, et incarcéré dans le cadre d’affaires de fraude fiscale, de corruption financière et de blanchiment d’argent. Il s’est même vanté, au passage, d’avoir réalisé le programme économique du parti Qalb Tounes.
Pour une prétendue «compétence nationale indépendante», cet engagement à la fois personnel et politique, fait tache. Pour le moins que l’on puisse dire…
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