Épinglé par des associations et des organisations de défense des droits de l’homme pour avoir qualifié les binationaux de «bâtards», le député indépendant à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Safi Saïd, a publié hier, 13 janvier 2020, un post facebook où il a présenté ce qui semble être des excuses.
Par Cherif Ben Younès
Il faut dire que le post de M. Saïd, où il a, très modestement, employé la 3e personne du singulier pour parler de lui-même, a beaucoup plus servi à justifier ses propos et à glorifier son image (comme il sait si bien le faire) qu’à autre chose, mais on y trouve néanmoins des excuses explicites…
«Chaque fois que Safi Saïd parle de souveraineté nationale, de justice sociale, de restauration de la richesse nationale ou de fortification de la décision souveraine, nous trouvons quelqu’un appelant à l’exclure, à le diffamer et à l’accuser de racisme et de violation des droits de l’homme», a-t-il notamment écrit.
Un autoportrait avec retouches
«Même si Safi Saïd s’excuse pour les allégations qu’il aurait pu formuler, il annonce et confirme, à travers ses positions et sa carrière journalistique et politique, qu’il a toujours été aux côtés du Code des droits de l’homme, avec tous ses étages et étapes, qu’il est associé aux mouvements de libération nationaux et internationaux et qu’il prend la défense de l’Afrique, des tourmentés sur terre et des femmes qui luttent et militent, partout dans le monde», a-t-il ajouté, feignant d’oublier qu’il a aussi servi et fait la propagande des pires dictateurs arabes, par tradition ennemis des droits de l’homme, dont son ancien idole (et généreux sponsor) Mouammar Kadhafi.
Et après avoir assuré qu’il a été lui-même persécuté durant sa vie, le nationaliste arabe a indiqué qu’à travers le terme «bâtard», il voulait exprimer son refus que «la décision politique nationale indépendante demeure entre les mains de ceux qui dérivent des nationalités étrangères», ajoutant qu’il a emprunté ce mot à des littératures politiques appartenant à d’autres pays qui «rejettent ce nouveau colonialisme masqué et défendent la souveraineté de leurs pays et leur décision politique et souveraine», à l’instar du penseur russe, Alexandre Douguine.
Néanmoins, comme l’a indiqué Safi Saïd lui-même, ce mot hautement péjoratif a été employé, dans ces «littératures politiques», dans d’autres contextes purement idéologiques («les bâtards de la mondialisation» ou encore «les bâtards du capitalisme»), où on peut difficilement l’associer à la discrimination, au racisme ou à la xénophobie.
L’homme qui parle trop
C’est ce qui fait toute la différence avec les propos du politicien tunisien, d’autant plus qu’il les a tenus lors d’une plénière de l’ARP et non pas dans un de ses écrits personnels.
Par ailleurs, ce que M. Saïd a visiblement du mal à comprendre, est que son idée de rejeter toute personne binationale, quelle qu’elle soit, est elle-même condamnable, surtout que cela est tout à fait permis dans la loi tunisienne. Nul besoin donc d’en rajouter une couche en se mettant à les insulter, qui plus est avec des termes aussi orduriers.
Notons, d’autre part, que ce n’est pas la première fois que Safi Saïd profère des propos discriminatoires…
En effet, lors d’une émission télévisée datant de quelques années, il avait également explicitement tenu des propos racistes en indiquant, à propos d’un métier, que «même les nègres n’accepteraient pas de le faire» (sic).
Pour quelqu’un qui prétend être le défenseur des droits de l’homme et dont la barre des ambitions politiques a atteint, ces derniers temps, le stade de chef du gouvernement, cela fait un peu trop.
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