Malgré les tiraillements politiques qui accompagnent le processus de formation du gouvernement et les voix qui appellent Elyès Fakhfakh à réviser sa politique, notamment par Ennahdha qui menace déjà de s’en retirer, le chef du gouvernement désigné continue à aller de l’avant.
Par Cherif Ben Younès
Hier soir, mardi, 4 février 2020, il annoncé avoir demandé aux partis qu’il a choisis pour participer aux concertations officielles autour de la formation du prochain gouvernement de lui proposer des noms pour sa future composition gouvernementale. Et ce dans un délai de 24 heures.
En effet, M. Fakhfakh leur a envoyé une correspondance à cet égard, les invitant notamment à respecter l’équilibre entre les personnalités partisanes et indépendantes.
Les partis ne vont, toutefois, pas participer au choix de celles qui seront placées à la tête des ministères de souveraineté, à savoir la Défense, les Affaires étrangères, l’Intérieur et la Justice.
Mettre les ministères de souveraineté à l’abri des pressions partisanes
En ce qui concerne les portefeuilles de la Défense et des Affaires étrangères, ils feront, conformément à la constitution, l’objet de concertations et de consensus entre le chef du gouvernement désigné et le président de la république, Kaïs Saïed.
Quant aux départements de la Justice et de l’Intérieur, M. Fakhfakh a indiqué qu’il était préférable d’en éloigner les partis, afin d’éviter tout risque de favoritisme. Il se chargera donc, lui-même, de désigner des personnalités politiques indépendantes à ces postes.
Elyès Fakhfakh a, par ailleurs, demandé aux partis de respecter un ensemble de critères pour les candidats qu’ils vont suggérer, parmi lesques la compétence, l’intégrité, le niveau académique, le leadership et la capacité d’intégration.
Et pour ce qui est des personnalités indépendantes, elles devront, en outre, adopter l’orientation politique du gouvernement ainsi que son document contractuel.
Fakhfakh a, d’autre part, souligné que le poids parlementaire des différents partis participant au gouvernement sera pris en compte dans la distribution des postes ministériels.
En définitive, Elyès Fakhfakh a opté pour un gouvernement de quotas partisans en ce qui concerne la plupart des ministères, même s’il y aura, d’un point de vue théorique, des indépendants au sein de ceux-ci. Néanmoins, quand un parti politique en propose un c’est que ce dernier n’est, dans la majorité des cas, indépendant qu’en apparence.
Ennahdha accentue la pression sur Elyès Fakhfakh
Mais Fakhkakh a surtout choisi la neutralité des ministères de souveraineté. Bien que, là encore, cette neutralité puisse être sujet à débat, il est tout de même important de noter que les partis ne participeront pas à ces choix, et qu’il y aura donc, à moins qu’un deal soit passé sous la table, une certaine indépendance par rapport à eux.
Reste à savoir si cette configuration arrangera Ennahdha, le mouvement islamiste aux 54 sièges parlementaires, et qui est, de ce fait, capable de faire chuter le gouvernement Fakhfakh. Et menace aujourd’hui, sérieusement, de le faire, qui plus est, par la voix même de son président, Rached Ghannouchi, si Fakhfakh s’obstine à écarter Qalb Tounes de son gouvernement.
Ennahdha ne manquera désormais plus d’arguments pour le faire quand on sait à quel point il tient à garder la main sur le ministère de l’Intérieur, pour ne citer que celui-ci.
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