L’universitaire et écrivaine Rabaa Abdelkéfi se révolte contre les préjugés de nombreux utilisateurs de Facebook, à l’annonce, la semaine dernière, de la nomination de Mohamed Hamdi, au poste de ministre de l’Education.
Rabaa Abdelkéfi reprend quelques un des passages qui ont soulevé son indignation et elle n’est pas la seule à avoir déploré certaines réactions indignes à la nomination du dirigeant du Courant démocrate (Attayar), professeur de philosophie de son état, au poste de ministre de l’Education dans le gouvernement proposé par le chef de gouvernement désigné, Elyes Fakhfakh, qui devra solliciter la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), après-demain, mercredi 26 février 2020 .
«La toile se charge chaque jour davantage du poids de statuts injurieux, expression de l’incapacité de nombreux internautes de réviser leurs critères de jugement et de dépasser leurs préjugés…», écrit Mme Abdelkefi, en citant certains statuts consacrés à M. Hamdi: «Il serait… instable et atteint d’une maladie mentale qui aurait mis fin à ses activités de professeur de philosophie. Il n’aurait produit ni articles ni livres» (…) «Il n’aurait pas la prestance d’un ministre. Inélégant, mal rasé, il n’aurait pas le look de la fonction…».
Les préjugés sociaux ont la peau dure et s’affichent sur les réseaux sociaux sans pudeur ni retenue. Comme si la maladie -si maladie il y a – est une honte, une faute commise par son porteur. Il s’agit plutôt, comme on l’a compris, de règlements de comptes politiques, et d’attaques contre le parti de M. Hamdi, Attayar, davantage que contre la personne elle-même. Ce qui dénote une malhonnêteté dont souffre la vie politique dans notre pays.
Les critiques injustes et injurieuses ne peuvent qu’émaner de personnes enfermées dans l’image déformée que leur renvoie leur miroir ou leur aveuglement idéologique.
Rabaa Abdelkefi termine, d’ailleurs, son post sur une belle remarque, en rappelant le passé militant de l’homme : «Les Mohamed Hamdi nous ont ouvert les chemins de la liberté, mais beaucoup d’entre nous se sont embourbés dans la profondeur de leurs préjugés».
Née en 1948 à La Marsa, Rabaa Abdelkéfi née Ben Achour est agrégée et docteur en lettres et civilisation françaises. Elle a enseigné à l’université de Tunis et a écrit de nombreux articles sur les littératures maghrébines à l’époque coloniale. Elle est aussi l’auteur d’un roman « Quelques jours de la vie d’un couple » (Sud Editions, 2019)
A. M.
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