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Quand Ghannouchi poursuit ses provocations à l’endroit de Saïed

Le très clivant chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, également président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), cherche à partager avec le président de la république, Kaïs Saïed, son domaine réservé, la diplomatie. Il multiplie les provocations en ce sens.

Par Imed Bahri

Rached Ghannouchi est devenu un problème pour l’Etat tunisien et une source d’instabilité pour ses institutions. Le très clivant dirigeant islamiste, dont la présidence de l’Assemblée n’a cessé d’électriser l’atmosphère et d’accentuer la tension au sein du parlement, n’entend pas apaiser l’atmosphère tendue au Palais du Bardo. Pire, il est déterminé à les exporter à l’ensemble des institutions de l’Etat.

C’est dans ce sens qu’il ne ménage pas ses efforts et les ruses dont il est un expert aguerri pour provoquer le chef de l’Etat en exigeant, excusez du peu, de partager avec lui son domaine réservé, la diplomatie. C’est ce que nous avons écrit à plusieurs reprises dans Kapitalis et qu’explique le quotidien arabophone ‘‘Al Maghreb’’ dans un long article publié hier, mercredi 10 mars 2020.

Le très culotté Ghannouchi et son insatiable appétit de pouvoir

Le très clivant Rached Ghannouchi a été, rappelons-le, très mal élu à la présidence de l’Assemblée, avec seulement 123 voix sur les 217 que compte l’Assemblée. Seulement 15 voix de plus que la majorité absolue. Et il doit son élection en tant que président de l’Assemblée aux 38 voix de Qalb Tounes, le parti de son ami, l’affairiste véreux Nabil Karoui.

Mais le culotté Ghannouchi, bien que mal élu et qu’il doit sa place à un affairiste véreux, compte tout dominer, l’ensemble de l’Etat. C’est ainsi qu’il a voulu faire passer un gouvernement dit indépendant auquel même les plus dupes ne croyaient pas et où il comptait placer des serviteurs zélés d’Ennahdha à la tête des ministères de l’Intérieur et de la Justice, histoire de contrôler ainsi les deux institutions les plus importantes de l’Etat. Mais l’insatiable appétit de l’infatigable homme de 78 ans ne s’est pas arrêté là. Il s’est étendu aux prérogatives constitutionnelles du président de la république.

Le cheikh cravaté est un insatiable du pouvoir

Les provocations dans ce sens ne se sont pas arrêtées depuis des mois allant du bal incessant et interminable des ambassadeurs dans son bureau du Bardo jusqu’aux déclarations irresponsables faites sciemment pour gêner et mettre dans une mauvaise posture le chef de l’Etat dont la diplomatie est le domaine réservé.

Les plus sages et logiques d’entre nous diront que Ghannouchi ferait mieux de calmer l’atmosphère et de mieux gérer l’institution qu’il préside, la Tunisie entière est ulcérée par le climat de chaos qui y règne mais il n’en a cure. Ce qui intéresse Ghannouchi et qui importe le plus à ses yeux, c’est le pouvoir. Seulement et uniquement le pouvoir. Comment l’avoir? Comment l’étendre? Comment le maintenir? Et comment écraser les autres? Il n’y a que ça qui obsède celui dont l’ivresse du pouvoir est devenue insupportable au sein de son parti, au sein de l’Assemblée (où il a placé une armée mexicaine de courtisans aux postes administratifs ce qui a déclenché la colère de l’administration de l’Assemblée qui dénonce sa politisation et son écrasement par les proches du cheikh cravaté) et au sein de l’ensemble de l’appareil d’Etat.

L’article d’‘‘Al-Maghreb’’ explique que sous prétexte de complémentarité entre «la diplomatie parlementaire et diplomatie officielle» et sous couvert du contrôle du gouvernement par le pouvoir législatif, l’hégémonique et très rusé Ghannouchi entend partager les prérogatives diplomatiques présidentielles avec Saïed.

Le constitutionnaliste rigoureux face aux magouilles du chef islamiste

Le président de la République n’est pas connu pour avoir un caractère prolixe. Il ne parle pas beaucoup mais tout le monde connait sa fermeté surtout quand il s’agit des prérogatives constitutionnelles, sa spécialité en tant que constitutionnalise. Tout le monde se rappelle le cours de droit constitutionnel asséné sèchement et clairement, Constitution à la main, à Ghannouchi, le 17 février dernier, lorsque ce dernier a voulu marginaliser le chef de l’Etat et l’empêcher d’appliquer l’article 89 qui s’impose dans le processus de formation du gouvernement.

Saïed, homme connu pour sa droiture et pour son orthodoxie constitutionnelle, est aux antipodes de la ruse et des magouilles de Ghannouchi. Il estime que les rapports entres les différentes institutions de l’Etat et ceux qui les dirigent sont dictés par la Constitution ce que ne comprend pas Ghannouchi. Ce dernier est hermétique à la logique constitutionnelle et institutionnelle. Pour lui, tout est butin et tout se partage: Etat, institutions, ministères, postes à responsabilités et prérogatives.

Donc les logiciels du chef de l’Etat et du président de l’Assemblée sont très différents l’un de l’autre. Sans oublier que dans ce bras-de-fer, le calculateur Ghannouchi est très soutenu et fortement appuyé par son acolyte, l’affairiste véreux Nabil Karoui qui a fait de lui le président de l’ARP. Et pour cause…

Des guéguerres de pouvoir inutiles sinon coupables et criminelles

Karoui déteste Saïed. Il lui a ravi la présidence de la République en plus en l’écrasant au second tour de l’élection présidentielle. Ensuite, Saïed, homme intègre et de principes, est déterminé à combattre la corruption et ses protagonistes, il a donc exigé d’écarter Karoui de la formation du gouvernement. Il n’en fallait pas plus pour que Karoui lâche ses soldats zélés dont le très culotté Yadh Elloumi et l’homme à la voix fluette Oussama Khelifi pour attaquer le président Saïed. Et maintenant Karoui lui-même s’attèle à la tâche en accusant le président de tout et de n’importe quoi.

In fine, la guerre entre Saïed d’un côté et Ghannouchi et Karoui de l’autre risque de s’éterniser et les prérogatives constitutionnelles du chef de l’Etat dont la diplomatie sont la cible du tandem vorace et insatiable. L’Etat va sans doute beaucoup souffrir de ces guéguerres de pouvoir, inutiles sinon coupables et criminelles, alors que le pays fait face à l’une des plus graves crises de son histoire.

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