La 2e édition du Festival Gabès Cinéma Fen a démarré le 3 avril et se clôture ce soir, samedi 11 avril 2020. Une édition exceptionnelle qui s’est entièrement déroulée sur la toile durant la période de confinement général.
Par Fawz Ben Ali
Alors que tous les festivals, activités et événements culturels et artistiques sont reportés ou annulés à cause de la progression du coronavirus (Covid-19) en Tunisie et dans le monde, un jeune festival tunisien a décidé de maintenir sa date et sa programmation, non pas dans les salles, mais sur la toile.
En effet, Gabès Cinéma Fen qui arrive cette année à sa deuxième édition, dirigé par Fatma Cherif (directrice) et Sami Tlili (directeur artistique de la programmation), s’est embarqué dans une expérience complètement inédite et innovatrice, celle d’aller à la rencontre du public en plein confinement général.
Une festival jeune et surprenant
Le festival qui devait initialement avoir lieu à la ville de Gabès, était finalement accessible à tous les Tunisiens sur l’ensemble de pays et de manière gratuite. Une initiative saluée d’ailleurs par l’ancienne directrice du Centre national du cinéma et de l’image (CNCI) et nouvelle ministre des Affaires culturelles Chiraz Laatiri.
Si le festival a pu garder sa programmation initiale avec les différentes projections quotidiennes, c’est essentiellement grâce à la plateforme Artify, premier site de streaming légal en Tunisie dédié principalement au cinéma tunisien.
Dès sa première édition, le festival a connu un énorme succès, se plaçant comme l’un des rendez-vous cinématographiques les plus importants du pays, et ce grâce à une ligne directrice qui met à l’honneur le cinéma d’auteur et les nouvelles productions tunisiennes, arabes et mondiales. Le festival met en compétition des films du monde arabe et propose également des sections parallèles (cinéma du monde, rétrospectives, hommages…)
Mais si Gabès Cinéma Fen a gagné en notoriété depuis sa première année, c’est aussi en grande partie grâce au soutien et à l’implication de sa présidente d’honneur l’actrice et productrice tunisienne Hend Sabri qui était présente tout au long de la première édition et qui accompagne le festival encore cette année, en ayant notamment publié une vidéo promotionnelle pour annoncer le coup d’envoi de la 2e édition.
De l’audace et de l’imagination
Gabès Cinéma Fen s’est transformé cette année d’un festival régional à un festival national, gagnant ainsi en visibilité et touchant un plus grand public.
Du 3 au 11 avril, le festival a offert des projections quotidiennes gratuites au rythme de 3 à 4 projections par jour : des fictions, des documentaires, des courts et des longs-métrages tous très récents, dont certains ont été projetés pour la première fois en Tunisie et dont beaucoup ont été primés dans les plus grands festivals du monde, comme « Les misérables » (Prix du jury à Cannes et lauréat de 4 Césars), « Portrait de la jeune fille en feu » (Prix du meilleur scénario et Queer Palm au Festival de Cannes, et César de la meilleure photographie), « Gloria Mundi » (Prix de la meilleure interprétation féminine à La Mostra de Venise)…
Le festival propose également cette année plusieurs films dans la section «Earth Cinema» pour mettre la lumière sur l’urgence écologique notamment à la ville de Gabès menacée par une énorme pollution aérienne et maritime essentiellement à cause du Groupe chimique tunisien (GCT).
Malgré le confinement, le festival a tenu à maintenir également le volet des tables rondes et des débats, et plusieurs réalisateurs (Ghassan Salhab, Karim Sayad, Noor Abed, Suhaib Gasmelbari…) ont accepté de jouer le jeu et de débattre en vidéo conférence notamment avec le directeur artistique du Festival Sami Tlili ou encore le documentariste Ikbel Zalila autour de leurs œuvres programmées, avec l’interaction en commentaires du public sur la page officielle du festival.
Plusieurs initiatives sont lancées dans le monde entier pour tenter de maintenir un soupçon de vie culturelle. Les organisateurs de Gabès Cinéma Fen ont fait preuve d’imagination et d’audace pour maintenir la 2e édition du Festival et faire face à cette situation exceptionnelle, grâce aux nouvelles technologies de communication, car à l’ère d’Internet tout est désormais possible.
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