La Tunisie fait grise mine : un gouvernement qui fait du surplace, une coalition au pouvoir dépassée par les événements, un pays qui va à vau l’eau…
Par Mohamed Rebai*
Lorsque le nouveau gouvernement tunisien est arrivé au pouvoir, il a pris conscience de la gravité de la situation sur tous les plans. Et depuis 100 jours, il a été tartiné par 109 jours de grèves.
L’art de faire du surplace
Ce gouvernement, qui semble avoir érigé l’autisme en nouvelle technique de gouvernance, daigne résoudre les nombreux problèmes hérités, provoqués ou fabriqués par ses prédécesseurs.
Nous nous attendons qu’il gouverne avec un peu plus de rigueur, infuse dans l’administration une culture du résultat, inverse la courbe du chômage et réforme l’Etat-providence. Il n’en est rien. La plupart de ses membres font du surplace. Ils auraient mieux fait de rester chez eux.
En pareilles circonstances, nous demandons au parti qui a gagné les dernières élections, à savoir Nidaa Tounes, de sortir de sa longue léthargie, de faire appliquer son programme pour lequel nous avons voté et surtout de soutenir le gouvernement actuel qui ne sait plus sur quel pied danser, face aux sit-ins, aux grèves tournantes, aux révoltes populaires pour ne pas dire insurrection des gens du sud pour un pétrole miraculeux qui n’existe que dans l’esprit des diviseurs.
Mauvaises querelles et polémiques vaines
Par ailleurs, on remarque avec un pincement au cœur que tous les groupes de travail du parti Nidaa Tounes, sans structures démocratiques issues de la base, planchent souvent sur des projets destinés à être enterrés. Des fois, ils se font de mauvaises querelles et des polémiques vaines dans les médias qui heurtent la sincérité du citoyen de base.
Jusqu’à présent aucun responsable du parti gagnant n’est venu à la rescousse de ce gouvernement qui ne gouverne plus rien, mais s’accroche désespérément à ses privilèges. On constate avec un étonnement bien réel que ce gouvernement n’est pas soutenu par son propre parti, par la coalition au pouvoir, alors qu’il est vilipendé par l’opposition et les syndicats. La plupart de ses membres semblent désarmés et sans consistance politique face à un pays qui s’autodétruit lentement mais sûrement.
Entretemps, la société reste minée par des guéguerres entre riches et pauvres, confinés dans leur ghettos respectifs. On nous fait des promesses pour nous expliquer ensuite qu’elles sont impossibles à tenir. Le bilan est donc nul. Les terroristes trouvent toujours des espaces non gardés pour flinguer à tout va. On n’est pas encore sorti du tunnel.
Ecrire, critiquer, gueuler… est un moyen de résister à la bêtise ambiante.
* Economiste.
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