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Tunisie : Le pays est bloqué par son système politique, vivement la 3e République !

Kaïs Saïed / Noureddine Taboubi / Mohsen Marzouk.

En quelques jours, trois personnalités politiques et pas des moindres ont fait le même diagnostic : la Tunisie est dans l’impasse et son problème principal n’est pas économique ni social ni sanitaire, mais politique. Car le pays est totalement bloqué par son système politique.

Par Imed Bahri

Ce fut d’abord Kaïs Saïed qui a fait le procès de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) où les querelles quasi quotidiennes empêchent l’examen et l’adoption des projets de lois pourtant urgentes et nécessaires pour la bonne marche du pays. Son diagnostic est sans appel : les députés oublient qu’ils sont les représentants du peuple et au service de ses intérêts exclusifs, et ne se soucient que des intérêts de leurs partis respectifs. La solution ? Il faut que le peuple reprenne son droit, c’est-à-dire le pouvoir de délégation qu’il a donné à ses élus, a-t-il préconisé. Ce qui lui valut une levée de bouclier parmi les députés de la mouvance islamiste et même des menaces de destitution de la part du plus extrémiste d’entre eux, Seifeddine Makhlouf.

La Tunisie a besoin de sortir d’un «système politique pourri»

Aujourd’hui c’est Mohsen Marzouk, leader de Machrou Tounes, parti d’opposition, qui s’est engouffré dans la brèche. Il n’y a aura aucun changement et aucune amélioration de la situation générale dans le pays dans le cadre du système politique hybride et bâtard mis en place par la Constitution de janvier 2014 et le système électoral en place. Même les opérateurs économiques le disent : le problème n’est pas économique, mais politique, et réside dans le «système politique pourri» actuellement en place, qui bloque tout et empêche les Tunisiens de profiter de leurs atouts, a-t-il déclaré aujourd’hui, lundi 18 mai 2020, dans l’émission ‘‘Midi Show’’ sur Mosïque FM.

Que faire alors pour sortir de cette impasse ? La réponse de Mohsen Marzouk est sans ambages : un faut organiser une conférence nationale consacrée à l’élaboration d’un nouveau contrat social, qui redonne espoir aux citoyens et anticipe une grave crise sociale qui se profile à l’horizon suite à la crise induite par la pandémie du Covid-19.

Le leader de Machrou Tounes n’y va pas par quatre chemins : la Tunisie a besoin d’une Troisième république, la Deuxième née de la révolution du 14 janvier 2011 s’étant révélée non viable et ayant abouti à une impasse. La preuve : en 9 ans, rien ne s’est amélioré, mais tout s’est détérioré et dans pratiquement tous les domaines.

Pour un référendum sur la réforme du système politique

Emboîtant le pas au leader de Machrou Tounes, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a, dans une déclaration à la Radio nationale, aujourd’hui, appelé à mettre fin à l’anarchie régnant actuellement sur la scène politique et notamment aux querelles de prérogatives entre les trois têtes de l’Etat : le président de la république, le chef du gouvernement et le président de l’Assemblée. «La seule légitimité c’est la souveraineté du peuple et la solution, aujourd’hui, consiste à organiser un référendum sur la réforme du système politique pour mettre fin à l’anarchie et rendre le pouvoir au peuple», a dit le secrétaire général de l’UGTT.

Difficile de ne pas retrouver dans les mots de Noureddine Taboubi un écho des idées du président Saïed, qui a souvent exprimé des réserves sur le système politique en place dont, en spécialiste de droit constitutionnel, il a toujours souligné et déploré les dysfonctionnements criards.

Reste à savoir si, au sortir d’une grave crise sanitaire, économique et probablement aussi sociale, qui se profile à l’horizon, la Tunisie sera capable, dans les prochaines semaines, de supporter une nouvelle remise à plat, table rase ou page blanche. Un débat national ou même un référendum sur un système politique peut toujours être organisé, encore faut-il que le pays ne soit pas, comme il l’est maintenant, aux prises avec de graves contingences économiques et urgences sociales.

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