Hafedh Caïd Essebsi, qu’on avait presque oublié, se rappelle à notre souvenir par un post facebook, écrit de son exil volontaire en France, hier soir, dimanche 24 mai 2020, à l’occasion de l’Aid El-Fitr, en menaçant, une énième fois, de «révéler toute la vérité, le moment venu». Il aurait mieux fait de se faire oublier…
Par Imed Bahri
Mais d’abord, traduisons ce post, pour la «petite» histoire : «J’avais l’habitude, à chaque jour d’Aïd El-Fitr, de rendre visite à mon père et à ma mère pour leur souhaiter joyeuse fête et beaucoup de santé. Mais l’Aïd de cette année est totalement différent de celui des précédentes années. Car ils ne sont plus de ce monde et moi, je ne suis pas en Tunisie. Les traitres ont mis en œuvre un plan contre moi. Mais comme dit l’adage : «Prends-garde à celui à qui tu as rendu service». Aujourd’hui, je leur dis : «Le mensonge ne dure jamais». Le temps viendra où nous révéleront toute la vérité…
Que Dieu accorde sa miséricorde à mes parents et préserve la Tunisie des traîtres.
Hafedh Caïd Essebi.»
Il s’est acharné à détruire tout ce que son père avait construit
Le problème avec le fils de l’ex-président de la république, Béji Caïd Essebsi, c’est qu’il continue de croire qu’il avait un destin politique et que ce destin avait été contrarié par ses adversaires politiques qu’il se garde du reste de nommer, mais il n’est pas difficile de deviner leurs noms. Or, rares sont les Tunisiens qui, même du temps où l’homme sévissait à l’ombre de son défunt père, en profitant de l’indulgence paternelle, lui attribuaient la moindre chance de succéder à ce dernier, rêve que tous ses proches disent qu’il caressait le plus sérieusement du monde. Car l’homme est dénué de tout charisme et de toute qualité pouvant l’habiliter à conduire ses semblables. Il l’a d’ailleurs prouvé amplement en mettant beaucoup de d’acharnement à détruire l’œuvre de son père, à commencer par le parti Nidaa Tounes, créé en juin 2012 et qui accéda au pouvoir en janvier 2015. Il a commencé par vider le parti de tous ses co-fondateurs et de tous cadres, pour s’entourer d’une camarilla de zélateurs intéressés aussi stupides qu’incompétents. La suite on la connait : Nidaa Tounes, qui remporta les élections de 2014, ne dispose plus aujourd’hui que d’un seul député à l’Assemblée.
Un exil volontaire synonyme de fuite
Hafedh Caïd Essebsi, qui se dit aujourd’hui victime d’un complot, a quitté la Tunisie de son propre gré et en catastrophe, au lendemain du décès de son père et, rappelons-le, il n’a même pas daigné retourner pour assister aux funérailles de sa mère, décédée quelques semaines après.
En fait, l’homme craignait des poursuites judiciaires après la mort de son principal protecteur. Ayant traficoté avec des gens peu recommandables, dont certains sont en prison et poursuivis dans des affaires de corruption, et d’autres en fuite l’étranger, il vit le vent tourner et comprit que la Tunisie n’est plus un endroit sûr pour lui. Son exil volontaire est donc, en réalité, une fuite.
Hafedh Caïd Essebsi ne cesse de menacer de faire des révélations sur ses adversaires politiques et de déballer toute la vérité. Sur quoi ? Sur qui ? Mystère et boule de gomme ! Mais qu’est-ce qu’il attend pour les faire ces révélations ? Ou qu’est-ce qui l’empêche de les faire ?
Entre-temps, l’ex-chef du gouvernement Youssef Chahed, qu’il considère comme son principal «tombeur», a quitté le palais de la Kasbah et son parti, Tahya Tounes, a même perdu les élections. Il ne peut donc continuer à prétendre que ce dernier l’empêche de rentrer ou qu’il craint qu’il lui joue un sale tour. Rien, dans la situation actuelle de la Tunisie, ne l’empêche de rentrer au pays. S’il ne le fait pas, c’est qu’il a des choses à se reprocher et craint sérieusement d’être convoqué par la justice. Mais c’est là une autre histoire que la grande Histoire, à laquelle il a vainement postulé, ne retiendra pas.
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