L’étude publiée récemment par ‘‘The Lancet’’ à propos de la toxicité de l’Hydroxychloroquine dans le traitement du coronavirus est entachée d’inexactitudes. C’est ce que vient de reconnaître Surgisphère, la compagnie qui a fourni les données statistiques de l’étude.
Par Dr Mounir Hanablia *
Cet aveu a été fait après que des médecins australiens eurent constaté qu’à la date du 21 avril la mortalité officiellement rapportée au coronavirus en Australie était de 67 personnes alors que l’étude avançait à cette date et pour le même pays le chiffre de 73.
Surgisphère a donc été priée de fournir ses sources, ce qu’elle se refuse à faire en invoquant la clause de non divulgation, étant donnée l’utilisation d’informations qui ne lui appartiennent pas.
Des données asiatiques glissées dans les statistiques australiennes!
Selon l’un des auteurs de l’article, le Pr Mandeep R. Mehra, les données se rapportant à un hôpital asiatique se sont malencontreusement glissées dans les statistiques australiennes, pour des raisons non encore élucidées, mais la conclusion générale de l’article, à savoir la toxicité de l’Hydroxychloroquine par rapport aux bénéfices dans l’infection à coronavirus, ne s’en trouvait pas modifiée.
Ceci ne va malheureusement pas contribuer à éclaircir les choses concernant l’usage de cet antipaludéen dans l’infection à coronavirus, qui arrange beaucoup de monde, étant donné son prix modique.
Evidemment seule une étude randomisée multi centrique et en double aveugle peut faire définitivement la part des choses mais ce n’est pas dans un contexte de pandémie et d’urgence qu’on pourrait la mener.
L’étude du ‘‘Lancet’’ avait au moins le mérite de clore le chapitre de l’Hydroxychloroquine et d’orienter l’ensemble de la recherche vers des voies plus prometteuses. Ce n’est plus le cas, et le Pr Didier Raoult pourra peut-être s’en réjouir. Mais qu’en sera-t-il des malades qui risquent d’être encore soumis pour longtemps à une thérapie néfaste?
Un clou de plus dans le cercueil de la rigueur scientifique
Par ailleurs, le fait qu’un journal aussi sérieux et universellement respecté que le ‘‘Lancet’’ n’ait pas pris la peine de vérifier la véracité des informations soumises à son comité de lecture, soulève un autre problème, d’autant que l’un des auteurs de l’article semble être en même temps l’un des rédacteurs de la revue.
Malheureusement, à l’ère des fake-news, cette affaire est un clou de plus dans le cercueil de la rigueur scientifique, même si l’erreur est plus que jamais humaine. Attendons donc les développements ultérieurs de cette affaire.
* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.
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