Dans un communiqué publié ce mercredi, 10 juin 2020, la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (Haica) a dénoncé le l’entretien accordé, lundi dernier, par Rached Ghannouchi à Nessma, une chaîne diffusant dans l’illégalité.
Rappelant que la chaîne en question ne dispose pas de licence, la Haica a estimé que le comportement du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) était en totale contradiction avec la loi et qu’il consacre la culture du non-respect de celle-ci et de l’impunité, laquelle constitue «l’un des plus importants problèmes dont souffre actuellement le peuple tunisien», selon l’instance constitutionnelle. Sachant, par ailleurs, que Nabil Karoui, le patron de Nessma, est poursuivi par la justice dans plusieurs affaires de corruption financière, évasion fiscale et blanchiment d’argent, ce que M. Ghannouchi est censé ne pas ignorer.
La Haica a également souligné qu’une telle apparition, sur une chaîne autour de laquelle planent des soupçons de corruption, représente un réel danger, dans la mesure où elle permet à des partis influents de mettre la main sur les médias et de banaliser l’illégalité des chaînes servant les intérêts des partis politiques.
Pour rappel, Nabil Karoui est aussi président du parti Qalb Tounes, l’allié parlementaire officieux du parti de Rached Ghannouchi, Ennahdha.
D’ailleurs, les questions de l’interview ont été assez orientées pour ne pas intimider le leader islamiste controversé, et l’animateur ne s’est lui-même pas gêné de clasher, indirectement, les opposants politiques d’Ennahdha et de Qalb Tounes, à l’instar de Youssef Chahed ou encore du mouvement Echaâb. C’est ce qu’on appelle une interview maison.
La Haica a, d’autre part, rappelé qu’elle a déposé des plaintes contre les chaînes illégales tunisienne, à l’instar de Nessma, mais aussi de Zitouna TV qui diffuse des émissions de propagande en faveur d’Ennahdha, auprès de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), appelant les institutions de l’Etat, la société civile et les syndicats à mettre un terme à ce genre de pratiques et de violations de la loi.
C. B. Y.
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