Les plénières se suivent et se ressemblent à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) devenue une véritable foire d’empoigne: disputes, cris, insultes et échanges d’accusations… Aujourd’hui, mercredi 17 juin 2020, l’objet des tensions est un portrait de l’ex-président islamiste égyptien, Mohamed Morsi, brandi par les députés Al-Karama.
Ces derniers, qui avaient écrit sur le portrait : «A la mémoire du martyr Morsi», ont indiqué qu’ils rendent hommage à l’ex-président égyptien, à l’occasion du 1er anniversaire de son décès. «Nous exerçons notre liberté d’expression; personne ne peut nous en empêcher», a soutenu Seifeddine Makhlouf, président de ce bloc islamiste, en tenant un discours provocateur, ponctué par des : «Tais-toi !», lancés agressivement, en s’adressant à Abir Moussi (PDL), qui tentait de lui couper la parole.
«Ces gens sont des fascistes, et ne savent pas ce que c’est la liberté d’expression.», a surenchéri, Makhlouf.
Les autres députés, notamment ceux de Qalb Tounes, de la Réforme nationale et du Parti destourien libre (PDL), pour ne citer qu’eux, estiment qu’il s’agit d’une provocation. «Nous refusons que le portrait d’un représentant des Frères musulmans soit brandi à l’assemblée», ont-ils expliqué à leur tour, en affirmant qu’ils refusent de poursuivre les travaux de la plénière si le portrait de Morsi n’est pas retiré.
«Ce parlement est tunisien !», ont-ils ensuite scandé en chœur pendant de longues minutes.
Hassouna Nasfi (Réforme nationale) et Mustapha Ben Ahmed (Tahya Tounes) ont demandé une réunion entre les présidents des blocs pour mettre fin à ce conflit et demander à Al-Karama de retirer le portrait de Morsi pour que la plénière puisse se poursuivre.
S’en est suivi un interminable dialogue de sourd, rythmé par des cris et des accusations de tous genres (mercenaires, fascistes, dictateurs, assassins, terroristes…) et Samira Chaouachi, vice-présidente de l’Assemblée, a tenté de gérer la situation afin de pouvoir poursuivre la plénière, initialement consacrée à l’examen du projet de loi sur l’économie sociale et solidaire, en présence du ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi Fathi Belhaj…
Mme Chaouachi est intervenue, non sans prendre position, en appelant Abir Moussi à ne plus interrompre la plénière. Cette dernière lui a demandé d’assumer ses responsabilités devant le peuple d’avoir permis que l’on brandisse le portrait d’un dirigeant des Frères musulmans dans le parlement tunisien.
Les députés Al-Karama ont, quant à eux, fini par quitter l’hémicycle, en annonçant qu’ils boycottent les votes, estimant qu’ils ont été empêchés d’exercer leur liberté d’expression… soutenus par l’élu Ennahdha, Becher Chebbi, qui leur a emboîté le pas.
Voila un énième spectacle désolant dans une Assemblée où plus rien ne va !
Y. N.
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