L’affaire risque de prendre des proportions : le chef du gouvernement Elyès Fakhfakh détient les deux-tiers du capital d’une entreprise d’environnement dont l’essentiel du chiffre d’affaires est réalisé avec l’Etat tunisien. Il y a là, à l’évidence, un flagrant conflit d’intérêt.
Le président de l’Instance tunisienne de lutte contre la corruption (Inlucc), Me Chawki Tabib a confirmé l’information dans la ‘‘Matinale’’ de Shems FM, aujourd’hui, vendredi 19 juin 2020, ajoutant qu’un courrier en ce sens a été envoyé à l’intéressé hier, jeudi 18 juin.
Le président de l’Inluc a évoqué ce sujet avec Mohamed Abbou, ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la Corruption, et Ghazi Chaouachi, ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, et, assure-t-il, ils partagent le même avis : il y a, dans cette affaire, un conflit d’intérêt, et M. Fakhfakh est tenu de régler sa situation vis-à-vis de la loi. D’autant que son gouvernement se donne pour principale mission d’assainir la gestion publique et de lutter contre la corruption.
Selon Me Tabib, M. Fakhfakh n’est pas le seul responsable politique dans cette situation et l’Inlucc a déjà identifié des cas de conflit d’intérêt concernant des ministres et des députés qui ont été interpellés officiellement par ses services à ce sujet. «Nous les avons avertis et nous leur avons donné un délai d’un mois pour qu’ils règlent leur situation, car il y a, dans leur cas, un conflit d’intérêt susceptible de justifier une accusation d’enrichissement illicite. Nous avons fait la même chose avec le chef du gouvernement», a déclaré Me Tabib.
Une question, cependant, se pose: en déclarant ses biens et avoirs au moment de sa prise de fonction auprès de l’Inlucc, M. Fakhfakh savait qu’il risquait d’être interpellé sur cette question. Espérons qu’il a déjà pris des dispositions en vue d’éviter ce mélange des genres pour le moins détestable.
Imed Bahri
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