En visite d’inspection à l’unité des forces militaires spéciales à Menzel Jamil (gouvernorat de Bizerte) et au siège du ministère de l’Intérieur, à Tunis, ce mercredi 22 juillet 2020, à l’aube, le président de la république, Kaïs Saïed, a encore une fois prévenu contre les complots visant la Tunisie et son Etat, sans, toutefois, citer aucune partie. Mais l’allusion au mouvement Ennahdha est limpide.
«Nous ferons face, avec force, à toute partie qui cherche à porter atteinte à l’Etat tunisien ou compte transgresser sa légalité», a-t-il fermement lancé, dénonçant «les complots qui se trament contre la Tunisie de l’extérieur, avec des complicités intérieures».
Il a, par ailleurs, assuré qu’il a confiance en la capacité des forces militaires tunisiennes à contrer toutes ces manœuvres, louant «la détermination et la volonté constante de l’armée et sa grande aptitude à utiliser les armes qui sont entre ses mains contre toute agression quelle qu’en soit la provenance».
Pour Saïed, les calculs politiques étroits, relatifs à la crise politique que traverse le pays, émanent de diverses parties, d’où la nécessité d’œuvrer davantage pour garantir la dignité des Tunisiens, selon ses dires.
«Personne n’a le droit d’utiliser la pauvreté des citoyens et leurs conditions sociales [difficiles] dans le but d’alimenter les manifestations», a-t-il ajouté. Et là aussi l’allusion est limpide aux manifestations et sit-in dans le sud tunisien, et notamment à El-Kamour (Tataouine), qui seraient manipulés par des parties politiques dans le cadre d’un complot régional avec des complicités internes.
De là à penser à la Turquie qui est en train d’occuper carrément l’ouest de la Libye, à la frontière tunisienne, il y a un pas que beaucoup d’analystes seraient tentés de franchir.
Y a-t-il quelque chose de nouveau et de concret que détient Kaïs Saïed, qui explique la fermeté de ce discours ? Ou est-il en train de parler en se basant sur ses propres analyses politiques ? C’est probablement un mélange des deux, même si on regrettera la redondance du discours du chef de l’Etat et sa tendance à agiter des menaces de complots tout en se gardant de citer les noms de leurs instigateurs, ce qui pourrait finir par banaliser quelque peu ses paroles.
C. B. Y.
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