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L’économie tunisienne a besoin d’une refonte globale

Le ministère des Finances a annoncé, avant-hier, mardi 21 juillet 2020, des mesures pour la relance de l’économie après la crise induite par la pandémie de la Covid-19. Ces mesures vont être inscrites dans la loi de finances complémentaire de l’exercice en cours et intégrées à la loi relative à l’investissement. Mais l’économie tunisienne ne peut se suffire aujourd’hui d’un simple relookage; elle a besoin d’une refonte globale.

Par Atef Hannachi

Ces mesures visent les objectifs suivants : l’amélioration du climat d’investissement; la modernisation de l’administration fiscale; l’intégration de l’économie parallèle dans les circuits légaux; et l’amélioration des services de contrôle fiscal.

On notera que l’idée de ces mesures ne date pas d’aujourd’hui et il y a lieu de s’interroger sur les raisons ayant empêché, jusque-là, leur implémentation, en examinant l’histoire du business modèle tunisien, les expériences des pays comparables et les priorités devant présider à la relance économique espérée.

Un modèle économique éculé et à bout de souffle

Depuis l’indépendance de la Tunisie, en 1956, le modèle économique en vigueur dans notre pays a été le libéralisme, c’est-à-dire l’ouverture à l’extérieur avec l’exportation comme locomotive du développement.

La Tunisie a bénéficié de son emplacement géographique, proche des grands marchés européens, et de ses bonnes relations extérieures pour attirer les investissements directs étrangers (IDE), grâce notamment à la fameuse loi de 1972, promulguée par l’ancien Premier ministre Hedi Nouira.

Depuis cette date, le modèle économique tunisien n’a pas connu de changements majeurs. Toutefois, les accords de libre échange signés avec l’Union européenne en 1996 ont favorisé les importations, sans que les exportations ne suivent le même rythme, malgré la mise en œuvre d’un long processus de mise à niveau industrielle. D’où le creusement continu du déficit commercial qui a atteint ces dernières années des sommets inimaginables.

Pour ne rien arranger, depuis la révolution de 2011, la Tunisie ne cesse de perdre de son attraction économique selon le classement ‘‘Doing business’’ et subit de plein fouet la crise sévissant chez son partenaire classique : l’Europe.

Grave repli des secteurs industriels

La crise de la Covid-19 a lourdement impacté l’économie tunisienne. Ainsi, au cours des quatre premiers mois de 2020, la baisse en volume des exportations a touché la majorité des secteurs, et notamment, celui textile-habillement et cuir, qui a enregistré une régression de 32,9%, suivi des industries mécaniques et électriques avec un repli de 25,9%.

Deux des principaux moteurs de la croissance, l’investissement et la consommation, ont baissé de, respectivement, -4,9% et -8%.

En termes de chiffre d’affaires, les industries non-manufacturières ont baissé de -29%; le tourisme de -23%); le transport de -19,6%); et le textile de -17,7%.

L’économie tunisienne s’essouffle et la crise de la Covid-19 a rendu encore plus criard cet essoufflement. Pour se relancer, elle a besoin d’un modèle économique avec une locomotive autre que les exportations, d’autant que l’économie mondiale est en crise et que partout la consommation et, par conséquent, la demande, sont en berne.

Vers un modèle avec une locomotive autre que les exportations

Nous estimons que les mesures annoncées par le ministère des Finances devraient soutenir l’investissement et la consommation locale et la libération des sociétés totalement exportatrice pour leur permettre d’écouler plus de 50% de leur production sur le marché local. Cela permettra à ces sociétés de survivre et de préserver les emplois, en attendant des jours meilleurs.

Pour soutenir l’investissement et la consommation intérieurs et lutter contre l’économie parallèle, on pourrait prendre des mesures visant à :

– assouplir les procédures d’octroi de crédit d’investissement et de consommation, qui demeure soumis à des circulaires en date des années 1990;

– moderniser les financements sous forme de capital risque et qui sont actuellement proches de la logique bancaire;

– lancer de grands projets sous forme de partenariat public privé, sachant que la loi existante ne favorise pas l’initiative et nécessite une révision rapide;

– assouplir les méthodes de gouvernance des entreprises publiques, déficitaires dans leur majorité et qui pèsent lourdement sur le budget de l’Etat;

– établir des contrats programmes et un plan quinquennal pour donner plus de visibilité à la stratégie nationale mise en place;

– réduire la pression fiscale et la généraliser à l’économie formelle pour intégrer celle-ci au système économique national.

* Expert Comptable.

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