Après plusieurs jours de silence face à la polémique mondiale déclenchée suite à l’assassinat d’un enseignant français, pour avoir montré des caricatures du prophète de l’islam à ses élèves, la diplomatie tunisienne a enfin décidé de réagir. Non pas pour condamner le terrorisme islamiste, mais pour défendre le sacré, s’inscrivant ainsi, scandaleusement, dans la campagne populiste menée par une partie du monde islamique…
Par Cherif Ben Younès
Cette campagne vise la France, dont le président, Emmanuel Macron, a déclaré, le jour des funérailles de l’enseignant assassiné, Samuel Paty, que sa nation ne renoncera jamais à la liberté d’expression ni aux caricatures.
Depuis, un appel au boycott des produits français prend de plus en plus d’ampleur dans les réseaux sociaux arabo-islamiques.
Bien entendu, la Tunisie, qui vient de s’exprimer via son ministère des Affaires étrangères, n’est pas allée jusqu’à soutenir ce boycott. Elle n’en a évidemment pas le courage, notamment du fait de sa dépendance économique vis-à-vis de la France. En réalité, elle n’a même pas eu le culot de nommer cette nation, et s’est contenté de dénoncer «la campagne que mène certaines parties au nom de la liberté d’expression».
«La Tunisie exprime son profond mécontentement face à la campagne menée par certaines parties au nom de la liberté d’expression, qui provoque les sentiments et le sacré des musulmans et nuit au meilleur Messager, notre maître Mohamed, que Dieu le bénisse et lui accorde la paix.
La Tunisie exprime sa condamnation et son rejet de ces pratiques qui alimentent la tendance à l’extrémisme et au terrorisme. Elle appelle à éloigner le sacré des conflits politiques et idéologiques et à perpétuer les valeurs de tolérance et de dialogue entre les peuples», lit-on dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Des paroles dignes d’une théocratie, alors que ce département est censé représenter un Etat civil qui respecte les droits de l’homme et notamment la liberté d’expression, et un pays où, il y a tout juste 10 ans, une révolution a eu lieu pour y instaurer les valeurs de la démocratie.
Mais tout cela n’a aucune importance pour notre cher Etat qui préfère défendre un être humain décédé il y a 14 siècles – et qui ne peut, de ce fait, en aucun cas être atteint -, et ce, au détriment de nos droits en tant qu’êtres humains libres.
Ce qui est encore plus honteux, c’est le fait que la Tunisie s’est permise, dans une affaire où un homme a été égorgé (excusez du peu!), de condamner «la faute» qui a conduit à ce crime plutôt que le crime lui-même («faute» si on adopte la perception moyenâgeuse de certains esprits bornés), et de blâmer la nation qui a perdu injustement et tristement l’un de ses citoyens plutôt que les appels odieux à punir cette nation. Bref. difficile de faire mieux en termes de bassesse morale.
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