Le quotidien ‘‘The Irish Examiner’’ fait l’état des lieux du tourisme tunisien, 6 mois après l’horrible tuerie de l’Impérial Marhaba de Sousse.
Par Marwan Chahla
La folie furieuse de Seifeddine Rezgui avait coûté la vie, le 26 juin 2015, à 3 Irlandais, sur le total des 38 personnes tuées: Lorna Carty et le couple Martina et Laurence Hayes.
Avec ces victimes irlandaises, l’intérêt que l’Irlande portait pour la destination Tunisie s’est éteint. Les 2 agences de voyage irlandaises qui opéraient des vols réguliers Dublin-Monastir, suivant la directive du Foreign Office, ont suspendu leurs services.
Taux d’inoccupation de 80%
Six mois plus tard, les choses en sont toujours au même point: la Tunisie est toujours une «no-go-zone» pour les touristes irlandais, tout autant que pour les autres ressortissants du Royaume-Uni…
Contacté par le quotidien irlandais ‘‘The Irish Examiner’’, Riadh Ben Amor parle de l’ampleur des dégâts subis par son Golf Residence, habituellement le point de chute préféré des vacanciers irlandais: les 4/5 des chambres de cet hôtel sont inoccupées et, depuis septembre, 85 des employés de la résidence, sur un total de 270, ont perdu leurs emplois.
«Pour résumer, explique-t-il, l’Angleterre, l’Irlande et la Belgique ont tout simplement quitté le marché tunisien. Durant l’hiver, les Hollandais ne sont pas de gros clients. Les Français, les Allemands, les Italiens et les Russes sont restés fidèles, mais pas en très grands nombres.»
Ressassant des temps qui, aujourd’hui, paraissent lointains, Riadh Ben Amor rappelle que le tourisme tunisien est pionnier dans la région – bien avant les concurrences égyptienne et turque. «Nous sommes des précurseurs. Notre hospitalité est une tradition bien ancrée et sans égale. Nous sommes très professionnels dans ce domaine. Nous avons pour cela la formation, l’éducation et l’esprit qu’il faut pour accueillir nos visiteurs», insiste-t-il, ajoutant que «le terrorisme n’a rien à voir avec nous et notre pays.»
«C’est un phénomène qui est tout à fait étranger à la Tunisie. C’est une fatalité qui s’est abattue sur nous. Et nous avons bon espoir de pouvoir nous défendre contre cette calamité. Nous y travaillons très sérieusement… et souhaitons reconquérir bientôt la confiance de nos clients», a ajouté M. Ben Amor.
Il reste à espérer…
«Attendons de voir, par exemple, ce que Thomas Cook fera. Souvenez-vous que l’opérateur avait décidé, en juillet dernier, de revoir sa déprogrammation de la Tunisie le 22 mars prochain. J’espère qu’il prendra, ce jour-là, la bonne décision, qu’il indiquera la bonne voie et que l’on retrouvera nos clients anglais et irlandais», espère Riadh Ben Amor.
Tanya Airey de Sunway, le tour-operator qui, depuis les années 1980, orientait annuellement sur la destination Tunisie des dizaines de milliers de touristes, a déclaré au ‘‘Irish Examiner’’ qu’elle avait bon espoir que la reprise aura lieu sous peu: elle admet que le dossier est d’une extrême sensibilité et que le Foreign Office hésite encore de suspendre son interdiction de voyage des ressortissants britanniques en Tunisie, «mais nous savons que les Irlandais sont impatients de retourner en Tunisie. Ne l’oublions pas, c’est un beau pays. Et nous sommes quotidiennement inondés d’appels de clients qui veulent savoir quand est-ce que les réservations sur la Tunisie vont reprendre. Et il y a de quoi s’impatienter: comparée à d’autres destinations, la Tunisie offre beaucoup plus pour ce que vous payez. C’est bien simple, un séjour dans un 4-étoiles tunisien pieds-dans-l’eau est une affaire nettement meilleure que ce que vous pouvez obtenir dans un hôtel 2-étoiles aux îles Canaries, loin du bord de mer.»
Plaidant la cause de la reprise du voyage des Britanniques en Tunisie, Tanya Airey explique que «des attentats comme celui de l’Imperial Marhaba de Sousse sont des malheurs qui peuvent avoir lieu dans n’importe quel pays. Depuis juin dernier, les gens ont pu se rendre compte que le terrorisme peut frapper partout dans le monde…»
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