L’Association tunisienne de défense des libertés individuelles (Adli), avec l’appui de la Fondation Heinrich Böll, a réalisé une étude pluridisciplinaire portant sur ces liens indissociables entre droits et libertés. Une étude ayant pour objectif de comprendre ces liens sur le plan historique, sociologique, économique, politique, juridique, et médiatique.
Les campagnes électorales et les résultats des élections de 2019 (présidentielles et législatives) ont dévoilé la montée d’un discours qui oppose libertés individuelles aux droits économiques et sociaux. Ce discours est d’autant plus dangereux qu’il prône que les libertés individuelles constituent un frein au développement économique et social.
Pour ce discours, les libertés individuelles ne constituent pas une priorité. La priorité doit être donnée au développement économique et social. Certains avancent même que «le peuple ne veut pas de libertés individuelles, mais du travail, de la santé, de l’éducation…», faisant circuler ainsi des idées telles que les libertés individuelles ne sont qu’un paravent, un trompe-œil…
Ce discours dangereux doit être compris, analysé et surtout combattu. Et pour cause…
Dissocier les libertés individuelles du développement, c’est fragmenter les droits humains, établir une hiérarchie entre ces droits et faire des personnes uniquement des êtres économiques et effacer de sorte leur singularité et toucher à leur dignité.
Cette étude a tenté de répondre à une série de questions : les libertés individuelles pourraient-elle constituer un vecteur de développement ? Comment marier ces deux piliers des droits humains ? Comment les présenter comme étant des composantes indivisibles et indissociables ? Comment renforcer la compréhension et l’appropriation des libertés individuelles par de nombreuses composantes de la société tunisienne et des décideurs ?
L’ouvrage collectif, réalisé sous la direction du professeur Wahid Ferchichi, offre, ainsi, un cadre de réflexion et un essai d’analyse qui prépare le terrain à un travail de plaidoyer auprès des acteurs des droits humains.
Les chercheur.e.s qui y ont contribué sont Kmar Bendana (historienne); Zouheir Ben Jannet (sociologue); Rim Abdmouleh (économiste); Asma Nouira (politiste); Majda Mrabet (juriste) et Olfa Belhassine (journaliste).
«Les attaques contre les libertés individuelles constituent l’étape primordiale pour dénigrer par la suite tous les droits humains, car les libertés individuelles qui consacrent le libre choix corporel et intellectuel touchent souvent les aspects identitaires (réels ou imaginaires) des différents groupes. En s’attaquant aux libertés individuelles, il y aura ainsi toujours des personnes prêtes à partager toutes les idées d’exclusion et pour les plus fanatiques d’entre elles à s’opposer à ces libertés, y compris par la violence verbale et physique, et jusqu’à aller à l’assassinat», avertit Wahid Ferchichi dans l’introduction de l’étude.
I. B.
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