Selon le classement relatif à l’égalité des genres dans les banques centrales (OMFIF Gender Balance Index 2021), la Banque centrale de Tunisie (BCT) est 6e mondiale, 1ère arabe et 3e africaine. Dans un entretien accordé à cette occasion à Natalia Ospina de l’OMFIF (Official Monetary and Financial Institutions Forum), qui classe, annuellement, les banques centrales, les banques commerciales, les fonds souverains et les fonds de pension publics d’après un indice d’égalité des genres, le gouverneur de la BCT, Marouane El-Abassi, a parlé de ce que les banques centrales du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord peuvent apprendre de la Tunisie et du rôle que les hommes peuvent jouer dans la réalisation de l’égalité des sexes.
«La Tunisie est un petit pays aux ressources naturelles limitées. Notre vraie richesse est le potentiel humain et l’égalité des sexes contribue au développement de notre pays», a déclaré M. El-Abassi.
«La Banque centrale de Tunisie a pour mission de préserver l’équilibre des politiques monétaires et du taux de change pour parvenir à la stabilité financière et à la croissance économique. Elle travaille également à créer un équilibre en œuvrant pour l’égalité des sexes», a ajouté M. El-Abassi, en précisant que la banque a établi, à cet effet, un plan stratégique triennal, qui s’étend de 2019 à 2021.
«La représentation féminine à la banque a augmenté au fil du temps. Depuis les années 1980, nous avons une femme directrice générale des services juridiques et davantage de femmes ont accédé à des postes de responsabilité au cours des dernières années. En 2018, une femme a été nommée vice-gouverneur pour la première fois et le conseil d’administration de la banque est majoritairement composé de femmes. Pour les postes de direction, les nominations sont faites en fonction des compétences individuelles, quel que soit le sexe. Nous mettons en œuvre un nouveau statut et un code d’éthique pour intégrer davantage les principes d’égalité et de méritocratie à la banque», a aussi souligné M. Abassi.
Evoquant ce que les hommes ont à gagner du renforcement de l’égalité des sexes dans le monde économique, M. El Abassi a déclaré : «En tant que père de deux filles, je pense que l’égalité des sexes est un droit humain et une condition préalable à la durabilité. Il ne s’agit pas seulement d’une question de femmes, mais devrait également concerner et impliquer les hommes. Il est important de faire participer les hommes à ce débat car ils occupent toujours des positions de pouvoir dans la plupart des pays et des institutions. Leur implication est fondamentale pour permettre aux femmes de participer à l’économie et améliorer l’accès aux ressources. Les hommes comme les femmes bénéficient d’une plus grande égalité des sexes dans l’économie et sur le lieu de travail.»
Interrogé sur l’impact de la crise sanitaire de la Covid-19 sur l’économie tunisienne, M. El-Abassi a répondu : «La crise du Covid-19 n’a pas épargné l’économie tunisienne. Ses effets négatifs ont aggravé la pauvreté non seulement au niveau socioprofessionnel mais aussi selon le sexe. Selon une étude du Programme des Nations Unies pour le développement sur l’impact économique du Covid-19 en Tunisie, le choc sanitaire pourrait anéantir tous les progrès réalisés au cours des 10 dernières années et accentuer la ‘‘féminisation’’ de la pauvreté. L’étude précise que ‘‘la pauvreté monétaire augmenterait à 19,77% pour les femmes du fait de la pandémie, contre 18,71% pour les hommes’’. La Banque centrale de Tunisie a pris des mesures rapides et concrètes pour soulager la détresse financière de la population. À une époque où l’économie était paralysée, nous avons réagi en mettant en place des mesures pour les entreprises, les professionnels et les particuliers. Il s’agit notamment du report des remboursements de prêts (principal et intérêts) dus dans la période de mars à septembre 2020, et la possibilité d’octroyer de nouveaux prêts aux bénéficiaires de ce report. Nous avons décidé d’assouplir les normes prudentielles pour renforcer la capacité du secteur bancaire à soutenir les entreprises et repousser le délai d’octroi de financements exceptionnels aux entreprises et professionnels opérant dans les secteurs du tourisme et des arts à fin mars 2021.»
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