Face à la multiplication des témoignages des victimes de la chirurgie esthétique et du tourisme médical en Tunisie, souvent rapportés par les médias européens, les professionnels du secteur doivent œuvrer pour soigner l’image de leur profession et éviter que des «tâcherons» nuisent à leur réputation. Car la chirurgie esthétique en Tunisie, comme partout dans le monde, fait, au final, beaucoup moins de victimes que de gens heureux qui, après un passage sur le billard, se sentent mieux dans leur peau.
Par Imed Bahri
Ce sont des victimes d’opérations de chirurgie esthétique subies dans des cliniques privées en Tunisie et qui entendent témoigner de leurs mésaventures, partager leurs expériences et attirer l’attention du grand public sur les ratés de certains praticiens. Pour cela, elles ont créé un groupe sur le réseau Facebook, un groupe privé pouvant être rejoint sur demande, et qui compte déjà 600 membres.
Les membres du groupe relèvent et répertorient les témoignages des victimes de certains chirurgiens, qui ont été «détruites et charcutées» et «ont vraiment tout perdu», mais aussi de certains tours opérateurs spécialisés dans le tourisme médical en Tunisie, dont ils pointent les «pratiques honteuses et douteuses».
Ratages, souffrances, menaces, intimidations et harcèlements
Les témoignages sont souvent accompagnés de preuves et de justificatifs, notamment des photos et des captures d’écran de conversations avec des praticiens et des voyagistes, de menaces, d’intimidations, et de harcèlements subis…
Non seulement certains praticiens sont cités nommément dans les témoignages et leurs ratages dénoncés, mais plusieurs témoignages pointent les «dysfonctionnements» au sein de certaines cliniques connues à Tunis et les «massacres» dont plusieurs patientes disent avoir été victimes.
«Notre seule recours contre les dommages subis est de les dénoncer et de le faire savoir afin qu’il y ait le moins de victimes possible à l’avenir», dit l’une des administratrices de la page Facebook, présentée comme «un support de prévention et d’informations afin que les gens sachent vraiment ce qui se passe et connaissent l’envers du décor».
Ne pas se réfugier dans le déni et renvoyer les victimes à leur solitude
Face à la multiplication des témoignages des victimes de la chirurgie esthétique et du tourisme médical en Tunisie, souvent rapportés par les médias européens, les professionnels doivent œuvrer pour soigner l’image de leur secteur et éviter que des «tâcherons» nuisent à la réputation de toute la profession. Pour cela, ils sont appelés à réagir positivement aux récriminations et dénonciations, non pas en se réfugiant dans le déni, mais en élaborant des protocoles plus stricts de prise en charge des patients, un code déontologique rigoureux que tous les professionnels doivent respecter et, surtout, prévoir et définir des possibilités de recours pour les patients qui se disent victimes d’erreurs médicales et qui, surtout, peuvent en produire les preuves.
Cela dit, on ne peut continuer à ignorer plus longtemps les souffrances des victimes et à les renvoyer à leur solitude. On doit plutôt envisager de les écouter et, pourquoi pas, mettre en place des sortes de forums pour des échanges directs entre praticiens et patients rigoureusement modérés pour éviter les écarts et les excès, pour rapprocher les points de vue et pour éviter que les frustrations et les ressentiments n’alimentent des haines et des idées de vengeance.
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