Tous les observateurs avisés s’accordent à affirmer qu’à ce stade précis de la propagation du Covid-19, les programmes de vaccination de masse devraient constituer la priorité absolue des plus hauts responsables des pays pour se sortir des crises sanitaires et économiques profondes sévissant partout dans le monde. La plupart de ces hauts dirigeants l’ont compris et ont pris, à cet effet, les mesures qui s’imposent. Ce n’est malheureusement pas le cas chez nous où le chef du gouvernement Hichem Mechichi a préféré déléguer cette responsabilité à d’autres. Le résultat est la catastrophe que nous vivons aujourd’hui…
Par Salah Darghouth *
Loin derrière le Maroc et la plupart des pays de la région Moyen Orient-Afrique du nord (Mena), notre pays a déplorablement raté la phase de démarrage de sa campagne nationale de vaccination. À ce jour, le nombre de vaccinations pour 100 habitants ne dépasse pas 3. Même la Jordanie et le Liban, dont les problèmes socio-économiques et sanitaires sont cruellement exacerbés par l’afflux massif des millions de réfugiés syriens, ont fait mieux.
En vue de mesurer les efforts déployés par chaque pays, les sites spécialisés ont intentionnellement relevé la date d’administration de la première vaccination, c’est-à-dire celle du lancement du programme de vaccination. Là aussi, notre pays est à la traîne. La campagne de vaccination n’a été lancée que le 13 mars dernier alors qu’elle a démarré un à trois mois plus tôt dans la plupart des pays de la région.
Tous les observateurs avisés s’accordent à affirmer qu’à ce stade précis de la propagation du Covid-19, les programmes de vaccination de masse devraient constituer la priorité absolue des plus hauts responsables des pays pour se sortir des crises sanitaires et économiques profondes qui sévissent partout.
La plupart de ces plus hauts dirigeants l’ont compris. Ce n’est pas par hasard que le président Biden a placé le «plan tout-azimut» de vaccination en tête de l’ambitieux agenda de ses 100 premiers jours à la Maison Blanche. Ce n’est malheureusement pas le cas chez nous où le chef du gouvernement a préféré déléguer cette responsabilité à de nombreux autres.
Notre pays bénéficie de compétences supérieures incontestables en matière de connaissances et pratiques médicales et sanitaires. Sans celles-ci, la crise induite par la pandémie de la Covid19 aurait pu être bien plus catastrophique encore. Toutefois, pour réussir une campagne de vaccination de masse, plusieurs enjeux doivent être abordés de front. Ces enjeux sont nombreux, divers et complexes. Les attaquer avec succès demande un effort monstre d’information, de mobilisation, d’organisation, de coordination et de suivi rapproché et sans relâche.
Le chef du gouvernement dispose de tous les pouvoirs et de tous les moyens légaux, institutionnels et financiers pour assumer ces enjeux et pour agir. Il lui faut agir vite si la Tunisie veut réussir son programme national de vaccination, vital pour la nation. Pour cela, il n’a certainement pas besoin d’une autorisation ou d’une signature préalable du président de la république. Il n’a pas non plus besoin d’une loi majeure ou d’un vote quelconque de la part de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Il est le premier responsable de l’échec du démarrage de la campagne nationale de vaccinations. Tant qu’il reste au pouvoir, il sera le premier responsable du succès ou de l’échec des phases suivantes de cette campagne.**
* Ancien cadre à la Banque Mondiale.
** Le titre est de la rédaction.
Donnez votre avis