L’agence de rating Standard & Poor’s a ouvert, mardi 11 mai 2021, le bal des exercices de simulation portant sur le scénario d’un défaut de paiement de la dette tunisienne, précisant que le coût du défaut de la dette souveraine tunisienne s’élève à 7,9 milliards de dollars (soit 21,4 milliards de dinars) pour le secteur bancaire, ce qui représente 102% du total des fonds propres de tout le système bancaire, et 17,3% du PIB prévu pour 2021.
Le choc économique découlant de la pandémie du Covid-19 et l’instabilité politique actuelle dans le pays, qui aggrave ses perspectives budgétaires, ont aussi poussé l’agence de notation, à revoir à la baisse la notation de trois banques tunisiennes. L’agence a dégradé les notes d’émetteur à long terme de l’Arab Tunisian Bank, la BH Bank et la Banque de Tunisie et des Emirats, d’un cran de B- auparavant à CCC+.
L’exposition des banques tunisiennes à la dette souveraine a plus que doublé pendant la dernière décennie, couplée à une forte hausse de la dette publique, selon l’analyste chez S&P, Mohamed Damak, cité par l’agence Tap.
Un défaut souverain au cours des 12 mois prochains «demeure très improbable»’ mais si jamais c’est le cas il coûterait aux banques entre 4,3 et 7,9 milliards de dollars ou 55% à 102% de leurs fonds propres, selon S&P.
L’économie déjà fragile de la Tunisie a été frappée de plein fouet par la pandémie. Le produit intérieur brut s’est contracté 8,8% l’année dernière – son plus important ralentissement économique depuis l’indépendance en 1956, selon le Fonds monétaire international (FMI).
Le ratio de la dette publique au PIB devrait s’accroître, selon les prévisions, à 91,2% cette année. Il était à 87,6% en 2020, selon les statistiques du FMI, qui table sur une reprise modeste de 3,8% en 2021, en raison de la contraction du PIB.
Une délégation gouvernementale a eu des entretiens avec le FMI à Washington la semaine dernière. Un plan de réforme économique a été proposé aux fins de débloquer des fonds. La Tunisie espère mobiliser, grâce à cette opération, 4 milliards de dollars (soit environ 11 milliards de dinars tunisiens), et elle a besoin de près de 21 milliards de dinars pour boucler son budget pour l’année en cours, grâce à des financements internes (1/3) et externes (2/3).
Le FMI s’est dit «prêt à aider la Tunisie et le peuple tunisien à faire face aux effets de la crise et avancer vers une reprise inclusive et riche en emplois», a affirmé le directeur de la communication du FMI Gerry Rice, la semaine dernière dans un point de presse.
Les réformes avancées comprennent plusieurs mesures dont particulièrement un plan pour le gel des salaires des employés dans le secteur public cette année dans le but de réduire la masse salariale à 15% du PIB, contre 17,4% l’année dernière. Les incitations au travail à temps partiel et la retraite anticipée comptent parmi les mesures pour réduire la masse salariale. On parle aussi d’une meilleure maîtrise des dépenses de la Caisse nationale de compensation.
Cependant, le FMI a demandé un programme plus détaillé des réformes envisagées et, surtout, des mesures pratiques à mettre en œuvre pour y parvenir, avec aussi des objectifs chiffrés et des délais fixés. D’autres rondes de négociations sont donc prévues au cours des semaines et des mois à venir.
I. B. (avec Tap).
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