La transformation digitale est aujourd’hui un objectif primordial et prioritaire pour de nombreuses entreprises, notamment en Tunisie. Celles-ci rencontrent, par ailleurs, beaucoup de problèmes et échouent souvent à atteindre cet objectif. Dorsaf Bejaoui Kammoun, directrice centrale de la transformation du capital humain de Tunisie Telecom, est revenue sur ce sujet, lors d’un atelier tenu à l’occasion de la 5e édition du «Tunisia Digital Summit» (TDS), le 3 juin 2021, à Tunis.
Par Cherif Ben Younès
L’une des principales sources d’échec des projets de transformation digitale est la négligence du facteur humain, assure Mme Bejaoui, d’où le choix de ce thème, qui a pour objectif de sensibiliser les gestionnaires au sein des entreprises à l’importance de’accorder plus d’attention et d’importance à cet aspect, dans le cadre du processus de la digitalisation.
L’importance de faire la différence entre le changement et la transformation digitales
La conférencière a tenu, dans ce contexte, à expliquer clairement la différence entre deux concepts souvent confondus dans les entreprises : le changement digital et la transformation digitale. Une confusion qui peut, par la suite, jouer des tours aux décideurs et mener carrément à l’échec.
«Le changement consiste à créer une nouvelle version du passé, alors que la transformation est une rupture avec le passé et la création d’un nouveau futur», a expliqué Mme Bejaoui, en assurant que les deux processus sont pertinents, mais qu’il est très important de savoir les différencier.
Pour illustrer davantage la différence entre les deux notions, la directrice au sein de Tunisie Telecom a donné quelques exemples de transformation digitale très connus et reconnus à l’échelle internationale, à l’instar d’Uber, Amazone, Netflix ou encore Airbnb. «Il s’agit d’entreprises qui ont opté pour des business models innovants et perturbateurs, faisant totalement changer le visage du marché», développe-t-elle.
Par ailleurs, Mme Bejaoui a indiqué que 70% des chantiers de transformation digitale échouent, selon une étude réalisée récemment. Cela est dû, selon la même étude, soit à des problèmes de gestion classiques (culture de l’entreprise, organisation, process, leadership, compétences, dépassement de budget, etc.) ou à ce que Mme Bejaoui a défini comme «l’illusion de la transformation digitale»…
Attention à «l’illusion de la transformation digitale»
Les managers des grandes entreprises ne se demandent, en effet, pas si les initiatives qu’ils sont en train de prendre pour mettre en place une transformation digitale sont suffisantes pour immuniser leurs sociétés et les protéger de la perturbation des innovations du marché, notamment relatives aux petites entreprises ou aux startups, souligne la responsable.
Elle affirme, dans le même cadre, qu’il est important de toujours s’assurer que les initiatives que nous prenons nous garantissent un avantage concurrentiel dans le marché, et conclue que les managers sont souvent en train de faire du changement en étant «sous l’illusion de faire de la transformation».
Par ailleurs, Mme Bejaoui a souligné que les entreprises ne peuvent perturber l’environnement (externe) que si elles se perturbent elles-mêmes en interne, avant d’expliquer comment, d’un point de vue technique, elles doivent procéder pour arriver à leurs fins.
L’expérience Tunisie Telecom
Présente à la conférence, Jihène Bouzaiène, directrice exécutive des marchés entreprise chez Tunisie Télécom, a, pour sa part, fait savoir que l’opérateur de télécommunications a entamé plusieurs projets d’accompagnement à des petites entreprises tunisiennes dans le cadre de la transformation digitale, ajoutant que certains d’entre eux ont vu le jour, d’autres sont en cours d’élaboration, alors certains ont échoué.
Des échecs dont les raisons ont été analysées par Tunisie Telecom pour faire les ajustement et les corrections nécessaires dans l’avenir.
«Nous avons analysé les raisons pour lesquelles on n’a pas avancé rapidement ou on a mis du temps à échouer, et nous avons conclu qu’il y avait des lacunes dans le process d’évaluation de part et d’autre. Par conséquent, nous avons décidé de préparer une sorte de template, avec notamment des API, pour valider l’opportunité business de part et d’autre, ainsi qu’un cahier des charges qui définit clairement les attentes de la startups et leur fait éviter les retards de livraison», a expliqué Mme Bouzaiène.
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