‘‘Dicta Shot’’ ou ‘‘Ksar edahcha’’, le dernier film de Mokhtar Ladjimi, vient de sortir dans les salles, après avoir été projeté en première aux JCC 2015.
Par Fawz Ben Ali
Sélectionné à la compétition officielle des longs-métrages fiction aux 26e Journées cinématographiques de Carthage, ‘‘Dicta Shot’’ n’a pas su se distinguer parmi la panoplie de films proposés lors du festival, et n’a donc pas été couronné d’aucun prix. Il a néanmoins obtenu la Mention spéciale du Jury du Festival d’Annaba du Film Méditerranéen (FAFM), décernée à Fatma Ben Saïdane pour sa majestueuse prestation.
Jamel Maddani, en rebelle.
La dictature en miniature
Diplômé de l’Institut des hautes études cinématographiques de Paris, Mokhtar Ladjimi est essentiellement un réalisateur de documentaires : ‘‘Le cinéma colonial’’ (1997), ‘‘Mille et une danses orientales’’ (1999), ‘‘L’enfant des cafés’’ (2000)… Cependant, il s’est fait connaître par le grand public grâce à son premier long-métrage fiction ‘‘Noce d’été’’ (2004) avec un casting de luxe (Fathi Haddaoui, Mohamed Ali Ben Jemaa et Anissa Daoud). Pour son tout nouveau film, le réalisateur a encore une fois misé sur des acteurs expérimentés, avec un trio de choc à l’affiche : Hichem Rostom, Fatma Ben Saïdane et Jamel Maddani. Mais aussi avec une production et une équipe 100% tunisiennes.
Hichem Rostom, en tortionnaire.
Les thèmes de prédilection de Mokhtar Ladjimi tournent autours des libertés individuelles et du rapport au pouvoir, toujours dans un contexte social et psychodramatique ancré dans la société tunisienne. ‘‘Dicta Shot’’ n’échappe d’ailleurs pas à cette préoccupation majeure, puisqu’il revient sur la période de Janvier-2011 dans un asile psychiatrique dirigé par Hazem, joué par Hichem Rostom, un tortionnaire à l’image du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali, qu’il vénère.
Afin de faire régner l’ordre et la discipline, Hazem n’hésite pas à abuser de ses patients ou plutôt de ses prisonniers à travers un conditionnement psychologique oppressif allant jusqu’à la torture physique, surtout quand les émeutes éclatent et que tout le pays bouillonne de révolte.
Le corps-à-corps explosif entre l’oppression et le désir de liberté.
Un film d’acteurs
Les échos de la révolution ne manquent pas d’arriver à ce huis-clos qui prépare aussi sa rébellion grâce entre autres à Nidhal, joué par Jamel Maddani, un militant de gauche, dont la fervente opposition au régime de Ben Ali lui a valu la prison et la torture avant d’atterrir dans cet asile de fous, qui s’apparente plus à un bagne d’opposants politiques et d’aliénés intellectuels. Jugeant que le moment était venu pour prendre sa revanche et arracher sa liberté ainsi que celle de ses camarades, Nidhal orchestre tout un mouvement de résistance et mène la rébellion au sein de l’asile, qui apparait au fur et à mesure qu’avancent les événements comme une miniature de la société tunisienne tiraillée entre ses différents acteurs.
Fatma Saidane, l’intello idéaliste.
A force de vouloir coller à la réalité socio-politique du pays, Mokhtar Ladjimi est tombé dans le piège des métaphores stéréotypées et des messages facilement déchiffrables. Malgré la tension qui le parcourt de bout en bout, le film semble léger, manquant de suspens, l’intrigue étant rapidement décelée. Il est cependant sauvé par les acteurs, car avec un tel casting, ‘‘Dicta Shot’’ peut au moins se prévaloir d’être un film d’acteurs.
‘‘Dicta Shot’’ est actuellement projeté dans les salles suivantes : Le Colisé, Le Mondial, Le Parnasse, La Palace, Alhambra, L’Agora, Cinévog, Cinéjamil et Palace-Sousse.
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