Les services de renseignement américains travaillent actuellement à la préparation d’une série d’attentats terroristes dans les territoires contrôlés par le gouvernement de Bachar Al-Assad, et ce en vue de déstabiliser le régime en place en Syrie, quitte à contribuer également au maintien d’une menace de recrudescence du terrorisme international.
Par Ahmad Al Khaled *
Les positions des États-Unis en Syrie ne cessent de s’affaiblir ces dernières années alors que les autorités syriennes restaurent progressivement les infrastructures civiles et les institutions gouvernementales détruites pendant la guerre de longue durée. Après la tenue des élections présidentielles réussies, Damas a fait échouer le plan de la Maison Blanche pour la mise en place d’un gouvernement syrien fantoche.
Apparemment, une telle situation ne convenait pas aux services spéciaux américains. Les dirigeants de la CIA, l’agence centrale de renseignement, ont assez rapidement trouvé la solution dans les prisonniers parmi les combattants de l’État islamique gardés par les milices fidèles à l’administration autonome kurde. En particulier, ils ont commencé à recruter des extrémistes dans les prisons de Gweiran et Chaddadi situées dans la province de Hasakah.
De l’usage de groupes armés dans les conflits étrangers
Les djihadistes ont toujours été considérés par les services de renseignement américains comme l’outil le plus approprié pour la réalisation des objectifs politiques et militaires des États-Unis en Syrie. Quelle est la motivation du Pentagone?
Premièrement, les experts militaires américains connaissent mieux que quiconque tous les aspects et ont une expérience impressionnante de l’usage de groupes armés dans les conflits étrangers au nom des intérêts de l’Amérique. Tout le monde connaît la liste des exemples. Les plus importants parmi les plus récents sont l’Afghanistan, la Libye et, bien sûr, la Syrie où Washington a soutenu l’Armée syrienne libre dans sa guerre contre les forces armées syriennes. L’utilisation de la «guerre par procuration» s’est avérée utile pendant de nombreuses années, de sorte que les dirigeants militaires américains ont vraisemblablement continué à soutenir cette stratégie.
Deuxièmement, l’émergence de l’État islamique lui-même était due aux activités secrètes des services de renseignement. L’ancien président américain Barak Obama a reconnu ce fait dans l’un de ses entretiens. On peut supposer que Washington prépare simplement une «renaissance» d’extrémistes bien entraînés, prêts à tout pour de l’argent et leur libération des prisons pour mener des opérations subversives dans le centre de la Syrie.
En d’autres termes, la méthode d’exploitation des combattants expérimentés n’est pas nouvelle pour les États-Unis, ils ont déjà créé un groupe puissant, qui constituera une menace sérieuse pour l’armée syrienne avec un peu d’entraînement et un accès aux armes nécessaires. C’est sur ces activités que les conseillers militaires américains, qui forment des combattants à mener des opérations subversives dans le centre de la Syrie, ont concentré leurs efforts.
L’aventurisme criminel des services de renseignement américains
En plus des attaques armées, il est remarquable que les actions des terroristes comprennent la destruction des lignes d’approvisionnement et l’établissement d’un contrôle sur les points de passage à la frontière irako-syrienne. De plus, un certain nombre d’extrémistes bien entraînés sont considérés par l’agence centrale de renseignement américaine comme capables d’assassiner le président syrien et d’autres hauts responsables.
Il est difficile de contester le fait qu’une série d’attentats terroristes dans les territoires contrôlés par le gouvernement non seulement risque d’entacher l’image des autorités syriennes, mais contribuera également à maintenir une menace d’essaimage du terrorisme international. De nombreux médias grand public ne resteront pas à l’écart des événements et rempliront la scène médiatique avec de nombreuses publications sur l’incapacité présumée de Bachar Al-Assad à assurer la sécurité des citoyens syriens.
Nous ne pouvons qu’espérer que Damas et la communauté internationale sauront faire barrage à un tel projet arbitraire et qui constitue une violation des lois internationales. Un pareil aventurisme des services de renseignement américains ne leur permettra guère d’atteindre un objectif souhaitable, mais peut tout à fait provoquer de nouveau l’effusion de sang et la renaissance du terrorisme non seulement en Syrie, mais aussi dans tout le Moyen-Orient. Et le reste du monde. Car une fois lâchée dans la nature, la bête ne saurait être confinée dans une zone précise.
* Journaliste indépendant spécialisé dans l’implication d’acteurs étrangers dans le conflit syrien et ses conséquences aux niveaux régional et mondial.
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