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Ghannouchi et «sa» diplomatie parlementaire

L’intérêt de Rached Ghannouchi pour les affaires internationales, domaine strictement réservé par la Constitution au président de la république, ne faiblit pas, au contraire, il se renforce de jour en jour… aggravant les relations au sommet de l’Etat entre le président de la république, jaloux de ses attributions, et le président du parlement qui ne cesse de réclamer un rôle dans le domaine diplomatique par le biais de ce qu’il appelle, abusivement et en jouant sur la confusion, la diplomatie parlementaire.

Par Raouf Chatty *

Au moment où les relations entre les deux institutions sont gelées depuis des mois et que des tentatives sont en cours pour les rétablir, l’initiative du président du parlement d’entrer en téléconférence avec des députés européens pourrait-elle y aider ?

En effet, le cheikh vient ce mardi 22 juin 2021 de récidiver en s’exhibant dans une téléconférence avec des députés de la Délégation Maghreb au Parlement européen, centrée sur la situation générale en Tunisie à un moment où le pays connaît la pire des crises… et est en train de devenir un véritable casse-tête pour ses partenaires étrangers de l’Union européenne.

Eviter de renvoyer les disputes internes à l’extérieur

Il est légitime de se poser la question de savoir si, dans les circonstances actuelles, cette conférence comporte un enjeu réel pour la Tunisie et si elle pourrait aider à résoudre quelques problèmes qu’ils soient?

La réponse est non. Car il incombe aux Tunisiens eux-mêmes de savoir résoudre leurs problèmes et d’arrêter de s’exposer et de renvoyer leurs disputes internes à l’extérieur.

L’Union européenne elle-même est actuellement empêtrée dans ses propres difficultés. Elle semble même donner des signes de lassitude dans ses rapports avec la Tunisie. Elle qui est très bien au fait de la situation en Tunisie, avait à plusieurs reprises attiré ces dernières années l’attention des pouvoirs publics sur la tournure qu’allaient prendre les événements en Tunisie sous les gouvernements dominés par le parti islamiste. Elle savait bien que la gouvernance calamiteuse des affaires de l’Etat depuis des années a conduit la Tunisie aux crises en tous genres qu’elle vit aujourd’hui.

La téléconférence avec les députés européens est un non-événement

Il faut rappeler que depuis trois ans, son ancien ambassadeur à Tunis, a défrayé la chronique en faisant écho, dans un entretien, les résultats d’un rapport très dur sur les familles qui détiennent le pouvoir économique en Tunisie.

Dans ces conditions, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de dire que cette téléconférence était un non-événement. Son contenu rapporté par la presse était plein de généralités et aucune des questions cruciales qui intéressent les relations de la Tunisie avec l’Union européenne n’y était soulevée, à un moment où la Tunisie a plus que jamais besoin de soutien réel et non de mots de sympathie et de compassion.

* Ancien ambassadeur.

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