Les puissances et les médias occidentaux parlent peu du rôle central du Qatar dans la promotion de l’islam politique et des groupes jihadistes à travers le monde, grâce notamment à leur proximité entretenue à coups de pétrodollars avec ces groupes et à leur soft power médiatique incarné par la chaîne d’information Al-Jazeera.
Par Imed Bahri
Doha est, en effet, devenue la Mecque de tous les mouvements extrémistes, au vu et au su de tous et de toutes. L’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al-Thani, reçoit les chefs des Talibans qu’il héberge et finance. Il héberge et finance aussi l’imam Youssef Al-Qaradawi, l’un des doctrinaires du jihad islamique, d’Al-Qaïda à Daêch, ainsi que les chefs des Frères musulmans égyptiens fuyant leur pays, les dirigeants du Hamas palestinien, Khaled Mechaal et Ismaïl Haniyeh, et, last but not least, Rached Ghannouchi et les cadres d’Ennahdha.
Doha, le Monaco des islamistes
Bref, les grandes figures de l’extrémisme islamiste ont pignon sur rue à Doha, qu’ils considèrent comme un sanctuaire de l’islam politique et un eldorado finançant leurs activités subversives dans leurs pays respectifs… Le Qatar est le Monaco des islamistes et Tamim, le marionnettiste, leur prince charmant et généreux donateur. Et cela ne semble pas déranger outre mesure Washington, Londres, Paris, Berlin, Rome ou Madrid, où l’argent qatari coule à flot de diverses façons, pas toujours transparentes. Accords secrets, conjonctions d’intérêts, laisser-aller complaisant voire complice ? Il y a un peu de tout cela à la fois.
Le Qatar, qui abrite depuis plusieurs années, les négociations entre les responsables des Etats-Unis et les dirigeants des Talibans, a aussi joué un rôle central dans la récente réoccupation de l’Afghanistan par ces derniers, avec la bénédiction ou dans l’indifférence criminelle des puissances occidentales, toujours promptes à donner des leçons de démocratie aux peuples de la région arabo-islamique parce qu’ils commencent à rejeter l’islam politique, la principale cause de leur sous-développement et pas seulement, car partout où l’islam politique s’est implanté, c’est l’intolérance, la violence et la guerre civile qui règnent et détruisent ce que ces peuples ont construit depuis leur accession à l’indépendance, au milieu du siècle dernier.
Un jeu dangereux
Regardez l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Libye, le Yémen et même la pro-occidentale Tunisie où la population est sortie en masse dans la rue, le 25 juillet dernier, pour dire non aux islamistes du parti Ennahdha, au pouvoir depuis 2010 et qui, en dix ans de gabegie et d’incompétence, ont transformé ce petit pays nord-africain, jusque-là pacifique et bien tenu, d’un pays pré-émergent, dans les années 1990, à un pays mendiant vivant des miettes de l’aide internationale. Pire: la Tunisie est devenue une pépinière de jihadistes et de candidats à l’émigration clandestine.
Est-ce là le sort qu’avec leur laxisme vis-à-vis des groupes extrémistes islamistes, ces puissances occidentales nous réservent? Si c’est le cas, qu’elles sachent que nous ne sommes pas dupes de leur jeu dangereux dont elles seront, à terme, les dernières victimes. Les pyromanes, on le sait, finissent souvent consumés par les feux qu’ils ne cessent d’allumer autour d’eux.
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