Ancien ministre socialiste, candidat à l’élection présidentielle de 2022 , Arnaud Montebourg vient de menacer de bloquer temporairement les transferts d’argent particuliers vers les pays qui ne coopèrent pas avec la France pour le retour des sans-papiers, qui seraient, selon lui, dans leur majorité, des «délinquants».
Par Helal Jelali
Non mon cher lecteur, il ne s’agit pas d’Éric Zemmour ou de l’ancien patron de l’ex-Front National, Jean-Marie Le Pen , il s’agit bien d’un ancien ministre socialiste qui avait rejoint le parti en 1985. Il a ajouté qu’«il y a onze milliards de transferts d’argent qui passent par Western Union sur l’ensemble des pays d’origine. Nous bloquons tous les transferts aussi longtemps qu’on n’a pas un accueil de coopération».
Le Parti Socialiste en perte de repères
Ce replay «zemmourisé» s’inscrit dans la perte de vitesse qu’avait connu le Parti Socialiste depuis le début des années 1990 et l’émergence de «la gauche caviar» qui avait rompu avec la classe moyenne et les quartiers populaire. Ils avaient créé une «arnaque sémantique» avec l’étendard «social-libéral» pour justifier leur virage néo-libéral et parfois même néo-conservateur depuis les années 2000.
En fait, il y avait deux partis et non deux courants au sein du Parti Socialiste : le parti socialiste parisien dont la majorité était rongé par l’obsession du pouvoir et surtout ses privilèges et le parti socialiste provincial gardien de l’esprit de la maison : un socialisme humaniste proche des couches populaires.
Arnaud Montebourg, qui a quitté entre-temps le Parti Socialiste, est un pur produit de ce socialisme parisien, complètement en rupture avec la gauche bienveillante et généreuse.
Fin du socialisme populaire
Pour de nombreux observateurs le PS a explosé lors du Congrès de Rennes en 1990 où aucune majorité parmi les courants n’avait réussi à conclure. C’était l’époque où tous les esprits étaient occupés par la succession de François Mitterrand.
A partir de là, le bal des «intrus», des «ego» et des «entristes» avait mis à terre le rêve d’un socialisme populaire.
C’est dans cette histoire qu’il faudrait appréhender la dernière déclaration d’Arnaud Montebourg. Nous sommes avec le politicard de «salons», des petites mondanités provinciales, et des slogans moisis d’un socialisme moribond.
Certes un parti politique pourrait être aussi un ascenseur social, mais quand il ne sert qu’aux ambitions, il deviendrait une coquille vide victime de toutes les dérives.
* Ancien journaliste tunisien basé à Paris.
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