L’année 2030 peut nous paraître loin, mais non; 9 ans, c’est ce qu’il reste à la Tunisie pour mettre en place les mesures nécessaires pour limiter les effets du réchauffement climatique.
Depuis bien des années, les experts ne cessent de nous alerter des préjudices socio-économiques dus au changement climatique. A ce titre et afin d’orienter la politique climatique comme il se doit, deux cabinets d’études (Vivid et ACC) ont été mandaté par le ministère de l’Environnement appuyé par l’ambassade du Royaume-Uni et Tetra Tech afin d’évaluer l’impact du changement climatique sur les différents secteurs et l’impact socio-économique des mesures d’atténuation d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
Afin de présenter les résultats des études réalisées, le ministère de l’Environnement appuyé par l’ambassade du Royaume-Uni, a réuni jeudi 25 novembre 2021, les différentes parties prenantes concernées par le sujet.
L’agriculture, la pêche et le tourisme très affectés
En effet, le secteur de la pêche qui emploie près de 100 000 personnes en Tunisie, risque de perdre 15 000 ha d’exploitation rien que sur l’archipel de Kerkennah et de 50% de la zone d’activité destinée à l’extraction de palourdes.
L’agriculture qui contribue à 10% de notre PIB, risque de perdre 37 000 emplois, 43 000 ha de terres agricoles côtières ainsi que 180 000 ha à cause de l’augmentation des incendies de forêt.
Le secteur touristique qui représente 14,2% du PIB national, perdra près de 1000 emplois par an et un capital productif de l’ordre de 3,6 milliards de dinars tunisiens.
A ce titre, investir dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables permet non seulement de réduire les émissions de GES mais contribue à la sécurité énergétique du pays et à la création de milliers d’emplois.
Par ailleurs, la pollution de l’air contribue à un grand nombre de maladies notamment les problèmes respiratoires et cardiovasculaires voire même des cancers. Une grande part de la pollution est causée par le secteur industriel et celui du transport. De ce fait le déploiement de 130 000 véhicules électriques est une manière de réduire 2,2 MtCO2e des émissions de GES, soit 20% des émissions du pays d’ici 2030 et donc la création d’emplois dans l’installation, l’exploitation et la maintenance des infrastructures de recharge, que l’on estime à 910 emplois/an.
Face aux conséquences provoquées par les changements climatiques, soulevées par ces deux études, il est essentiel et urgent de mettre en place des mesures d’adaptation mais aussi d’atténuation des émissions GES pour tous les secteurs, et ce, afin de limiter les effets négatifs de ces mutations, qui auront de lourds impacts sur l’économie tunisienne.
L’impact du changement climatique est visible partout
A cette occasion, Leila Chikhaoui Mehdaoui, ministre de l’Environnement, a déclaré : «Les répercussions des changements climatiques et leur impact direct sur la sécurité alimentaire et les ressources hydriques, les dispositifs environnementaux et les activités économiques, sociales et de santé publique, prouvent que les défis climatiques représentent, sans le moindre doute, une menace réelle pour la planète, ainsi que pour développement du pays». Et d’ajouter : « Les études réalisées, viennent confirmer la nécessité, pour la Tunisie de renforcer les capacités pour introduire le changement climatique dans tous les secteurs d’activité, conformément aux orientations et aux engagements fixés dans le cadre du plan national qui vise à la baisse de l’intensité de dioxyde de carbone (CO2) de 45% d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050».
Pour sa part, Mathew Forman, ambassadeur de Grande-Bretagne par intérim, a affirmé : «L’impact du changement climatique est visible dans toutes les régions du monde. La Tunisie a connu des incendies de forêt dévastateurs, des températures record et de graves pénuries d’eau. Les dirigeants doivent prendre conscience de l’urgence environnementale et économique afin de faire face à ces nouveaux défis et saisir les opportunités que représente l’adaptation». Et d’ajouter : «Ces rapports fournissent des données démontrant clairement qu’une transition à faible émission de carbone ne serait pas seulement bénéfique pour l’environnement, mais aurait aussi un impact positif sur la qualité de vie et les moyens de subsistance des Tunisiens – notamment des pêcheurs, agriculteurs, exportateurs et producteurs d’énergie. En tant qu’hôte de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique COP26, et leader mondial de l’action climatique, le Royaume-Uni est un partenaire engagé de la Tunisie».
Donnez votre avis