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Tunisie – Entreprises publiques en faillite : «Jawna fesfes» !

Et pendant ce temps-là, des diplômés chômeurs continuent de manifester pour revendiquer un premier emploi !

Au moment où en Tunisie on parle de grave déficit des finances publiques voire de menace d’effondrement de l’Etat, il se trouve des entreprises publiques qui emploient le double ou le triple du personnel dont elles ont besoin et où le salaire moyen par employé atteint 5 587 dinars tunisiens (DT). Et on demande aux 700 000 jeunes chômeurs que compte le pays de patienter… Cherchez l’erreur !

Par Dr Kaissar Sassi *

Le rapport sur les établissements publics annexé à la loi de finances 2022 a présenté le top 10 des établissements tunisiens les plus déficitaires en 2019. En première place, on retrouve la Société tunisienne des industries de raffinage (Stir).

Cette dernière a été créée en 1961, entièrement nationalisée en 1975. Elle est devenue par la suite la première entreprise de Tunisie par son chiffre d’affaires. Pour la première fois, en 2000, une entreprise tunisienne dépasse le milliard de dinars tunisiens de chiffre d’affaires. En 2009, le bénéfice net s’élève à 357,8 millions de dinars, soit une augmentation de 450% par rapport à l’année précédente, malgré une baisse des ventes et une crise mondiale.

En 2022, on apprend que cette entreprise a marqué le plus grand déficit des institutions publiques atteignant 612,3 millions de dinars!

Cette même entreprise, très déficitaire, a une masse salariale de 66,8 millions de dinars pour payer 1 195 employés. Ces employés sont en troisième position en termes de salaire mensuel par agent (4 381 dinars).

En première place, on retrouve l’une des pires compagnies aériennes du monde, Tunisair (moyenne de 5 587 dinars par agent) et en deuxième place la Compagnie tunisienne de navigation (CTN), celle de «Jawna fesfes» (traduire : «tout va bien pour nous»), expression utilisée par l’un de ses agents suite à un accident en mer qui allait coûter beaucoup d’argent à la société.

Ces déficits se sont encore creusés en 2020 et 2021.

Vous comprenez maintenant pourquoi vous voyez des voitures extravagantes dans les rues des grandes villes de la Tunisie alors que tout le monde parle de déficit des finances publiques et d’effondrement de l’Etat!

* Anesthésiste réanimateur.

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