L’Académie diplomatique tunisienne, dont on a annoncé officiellement la naissance avant-hier, jeudi 28 avril 2022, est l’aboutissement d’un long travail de gestation auquel ont pris part de nombreux hauts fonctionnaires tunisiens et chinois. Retour sur la petite histoire d’un grand projet qui, nous l’espérons, donnera vie à une institution dynamique, active et opérationnelle. Et ne sombrera pas, bientôt, dans une bureaucratie stérilisante.
Par Raouf Chatty *
Des responsables tunisiens et chinois ont participé avant-hier à une cérémonie à distance au siège du ministère des Affaires étrangères pour célébrer la fin des travaux de l’Académie diplomatique tunisienne. La cérémonie s’est déroulée en présence notamment du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens de l’étranger, Othman Jerandi, du vice-ministre chinois du Commerce Qian Keming et de l’ambassadeur de Chine en Tunisie Zhang Jianguo.
L’Académie diplomatique tunisienne a été édifiée en trois ans sur un terrain de 15 000 mètres carrés et équipée, grâce à un don chinois de 80 millions de dinars accordé dans le cadre de la coopération entre les deux pays.
Perchée sur une colline non loin de la cité universitaire Ras Tabia et du campus universitaire Farhat Hached, l’Académie est constituée de bâtiments de plusieurs étages et un complexe de constructions ultra modernes composé de deux amphithéâtres, de salles de conférences, de salles de cours, d’une médiathèque et d’autres commodités dotées d’équipements ultra modernes.
Le bâtiment, assez spacieux, pourrait recevoir des centaines d’auditeurs en même temps.
Une école dédiée à la diplomatie et aux relations internationales
Beaucoup plus que les autres grands projets construits par la Chine dans notre pays, cette Académie baptisée, dès le coup d’envoi des travaux de construction en 2019, Académie diplomatique Béji Caid Essebsi, est conçue comme une grande école dédiée à la diplomatie et aux relations internationales, ouverte sur son environnement national et international.
Elle sera dédiée à la formation et au recyclage des cadres du ministère des Affaires étrangères, des autres agents de l’Etat, des entreprises publiques et privées qui le souhaitent à condition de satisfaire des conditions d’accès, comme des étudiants et des fonctionnaires des pays frères et amis qui souhaitent se spécialiser dans le domaine de la diplomatie et des relations internationales.
Elle sera également dédiée à la recherche dans le domaine de la politique étrangère et des relations extérieures. Une importance particulière y sera donnée à la formation dans les langues étrangères et dans les nouvelles technologies de l’information.
L’idée de ce projet avait été lancée en août 2016 au ministère des Affaires étrangères avec l’aval du président Caid Essebsi. Sa concrétisation a été rendue possible grâce à la volonté des autorités tunisiennes et l’implication du gouvernement chinois.
Les négociations avec la partie chinoise avaient débuté à Tunis en août 2016. Un mémorandum d’entente couvrant tous les aspects de ce dossier avait été signé entre les deux parties. Depuis, la question à toujours été au centre de l’agenda de la coopération de la Tunisie avec la Chine.
Depuis cette date, des directeurs généraux successifs de l’Institut diplomatique pour la formation et les études, notamment Khémaïs Jhinaoui (avant de devenir ministre), Raouf Chatty, Mondher Draeif, Mokhtar Chaouachi, ancien directeur général Amérique/Asie, et Saïd Bhira, ancien secrétaire général au ministère des Affaires étrangères, avaient contribué substantiellement au suivi de la réalisation de ce projet. Les ambassadeurs de Tunisie à Pékin Tarak Amri et son successeur Dhia Khaled y avaient également contribué. L’ambassade de Chine en Tunisie avait assuré le suivi de sa réalisation en coordination avec le ministère des Affaires étrangères.
Enfin, le ministre Othman Jerandi, et Fayçal Gouia, le directeur général en exercice de l’Institut diplomatique de Tunis, ont veillé tout au long de cette année au suivi de la concrétisation de ce projet, après qu’un décret gouvernemental eût été promulgué courant 2019 qui fixe la composition et les missions de cette Académie.
D’autres textes seront mis au point concernant les cursus académiques et les modalités d’accès à cette Académie qui aura une dimension internationale.
Contribution majeure à la formation continue des hauts fonctionnaires
Pour ses concepteurs, l’Académie apportera une contribution majeure à la formation continue des fonctionnaires tunisiens et autres personnes impliquées dans les relations extérieures et sera un instrument au service du développement économique de la Tunisie, de son ouverture sur le monde et de son rayonnement international.
Il incombe maintenant aux autorités tunisiennes de faire en sorte que cette importante institution soit dynamique, active et opérationnelle dans les meilleurs délais, avec un staff de personnalités compétentes et de grande envergure, capables de lui donner la dimension qu’elle mérite et de lui éviter de se morfondre dans une bureaucratie stérilisante. Un grand défi que le ministre Jerandi saura certainement relever au plus vite…
* Ancien ambassadeur.
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