Hichem Gaïesse est un médecin qui vit et travaille à Hammamet. Ce poème est extrait de son premier recueil de poésie publié en septembre 2020 sous le titre : «Soliloque de l’épi – La Tunisie m’a dit» qui regroupe 59 poèmes choisis parmi les nombreux textes écrits au fil des années…
Le recueil, divisé en 4 chapitres (Visions – Mémorial – Spleen – Passion) traite des choses de la vie : Amour, rêves, passion, nostalgie, liberté, justice… Son style est tout sauf simple et les mots, les rythmes et les images sont certes recherchés mais tellement bien tressés et agencés que les fans de la poésie y trouveront leur compte.
Entendez-vous des combes
S’élever dans le ciel
Les plaintes sous les bombes
Des enfants d’Ismaël
Voyez à leur regard
Tendues les passerelles
Franchies vers l’au-delà
Par tous les suppliciés
Ils gisent dans le noir
Des chemins de gravelle
La nuit, de son drapé
Est leur unique toit
Et sous les vignes vierges
Nouées aux barbelés
Ensanglantée, émerge
La chair sous le keffieh
Mais Dieu, que leur sourire
Sur des lèvres figées
Est celui de martyrs
Partant vers l’empyrée
Entendez-vous encore
Jaillis en vomissures
Les rires des vainqueurs(?)
Posant sur les trophées
Des mains souillées de gore
Et des lippes impures
Avinées dans l’horreur
De sinistres tophets
Ils chantent hosanna
Sur des lambeaux d’enfants
De l’orant minaret
Debout, ils ne voient pas
S’inscrire sur leurs fronts
Et révulser les morts
La marque des damnées
De Sodome et Gomorrhe
Ce soir, mêlé au sable
Le vent vient du Sinaï
Moïse au Nébo dort
Veillé par Adonaï
Qui donc, sur le tellure
A rebrisé les tables
Car Israël, encore
Se corrompt sous le mur
Nos frères qui partez
En blanches processions
Demain sera levé
Moins tôt que nos espoirs
De vous revoir en paix
D’Haïfa à Ascalon
Près des genévriers
Cultiver les essarts
Ô peuple, dans la nuit
Marchant sur des épines
Roulant des gémonies
Aux fanges et aux ravines
J’écrirai de l’abîme
Sur tous les frontispices
Ta mère est l’éponyme
De tous les sacrifices.
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