Bourguiba a libéré la Tunisie, forgé une nation et construit un Etat moderne. Les Tunisiens ont libéré les islamistes, qui ont divisé la nation, affaibli l’Etat et tenté de détruire la république.
Par Dr Sami El Mekki *
Le 20 mars 2012. Première commémoration de la fête de l’indépendance depuis l’accession d’Ennahdha au pouvoir.
Ce jour là, pour ne jamais oublier, le peuple tunisien s’est réveillé honteusement dans une ambiance de froideur et d’indifférence quasi générale et d’absence totale de festivités populaires par la volonté du formidable gouvernement de l’époque…
Ce dernier, dans une tentative désespérée de flouer l’opinion publique, a affirmé éhontément avoir décidé de «se serrer la ceinture, afin de limiter les dépenses publiques»…
Quelques jours plus tard, des salafistes sans foi ni loi et sans scrupules escaladaient l’horloge de l’avenue Habib Bourguiba et y plantaient le «drapeau noir», grand symbole des islamistes et de la déchéance, en toute impunité.
Cette absence flagrante du drapeau national à travers toute la République et la «fête de l’indépendance» ainsi mise entre guillemets ont choqué les Tunisiens car le parti islamiste cherchait par tous les moyens à ignorer et falsifier l’histoire de la Tunisie, particulièrement celle relative à la mémorable et irréversible œuvre de Bourguiba dans la lutte nationale et la construction de l’Etat tunisien moderne.
Apres 75 années de protectorat français, Bourguiba a incarné la nation, a construit un Etat providence, s’est s’attaqué à tous les archaïsmes et a mené une guerre implacable contre le sous développement.
Il s’agit sans aucun doute d’une œuvre colossale, dont je ne citerais que trois grandes actions.
Il y a eu d’abord la libération de la Tunisie du joug colonial (à cette époque, il s’agissait pour les mémoires courtes et défaillantes de l’empire français) au prix d’une trentaine d’années de lutte acharnée et sans répit et d’une quinzaine d’années de prison, d’exil et de déportations.
Il y a eu ensuite, la généralisation de la santé et de l’éducation, gratuitement pour tous les Tunisiens, qui a fait d’un certain Mohamed Abbou, entres autres, bien qu’accidentellement, un «ministre» qui n’a pas la reconnaissance du ventre…
Enfin, une autre réalisation non moins géniale : l’émancipation de la femme. La Tunisienne de l’époque obtenait tous ses droits, dont certains n’existaient même pas en Europe.
Bourguiba a été le seul chef d’Etat musulman à imposer l’égalité juridique entre hommes et femmes. Le voile n’est plus une contrainte. La polygamie et la répudiation ont été interdites.
Je ne m’étalerais pas davantage sur cette œuvre, qui est sans aucun doute grandiose et phénoménale, mais sûrement pénible et astreignante pour ses détracteurs et ennemis…
Enfin ce personnage hors du commun n’a jamais possédé un bien immobilier après 31 années de règne et après son décès il n’a laissé dans son compte bancaire que quelques 1059 dinars… C’est incontestablement unique dans l’histoire de l’humanité.
Ce ne sont sûrement pas nos vaillants «militants nahdhaouis», qui se sont révélés des as imbattables dans les bonnes affaires immobilières dans les quartiers huppés de la capitale et ailleurs, qui pourraient nous prouver le contraire…
En conclusion : Bourguiba a libéré le pays, forgé une nation, construit un Etat et édifié une république. Le peuple a libéré les islamistes, qui ont divisé la nation, ridiculisé et affaibli l’Etat et tenté de détruire la république.
* Médecin Pneumologue.
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