Si vous êtes de passage dans la région de Béja et que vous cherchez où manger bien et bio, nous vous conseillerions Borj Lella, sur la route de Nefza et Tabarka. Reportage.
Par Zohra Abid
Dans ce gouvernorat du nord-ouest tunisien, à seulement une centaine de km de Tunis, qui compte plus de 300.000 habitants et dont la superficie s’étend sur près de 356.000 ha avec les deux-tiers destinés à l’agriculture, l’agrumiculture et la myciculture sont en train de bien se développer. Sans oublier le nombre croissant des pépinières des arbres fruitiers, des fermes d’élevage des escargots ou encore des lapins.
Des prairies à perte de vue
Randonneurs, amoureux de la nature, des produits biologiques ou de terroir, vous avez désormais une adresse, la bonne, pour s’offrir un petit plaisir en dégustant des spécialités de la région, comme le borzgane, la rfissa, le ftet au lham et klil, zlabia, mkhareks et ghrayefs que propose notamment, dans son menu, le restaurant Borj Lella, et rentrer avec un panier de produits laitiers à base du lait de brebis, spécialité de la maison. Ne pas oublier de profiter aussi, au passage, de la beauté des sites naturels, de se ressourcer et de rentrer avec un album de photos prises au milieu des montagnes, des lacs et des prairies, hérissées de tiges de coquelicot couleur sang, qui s’étendent à perte de vue, sentant les blés, la verveine, la menthe, le romarin, le basilic, le thym, le champignon et la mauve.
Au milieu des montagnes, des lacs et des prairies…
Ne pas oublier non plus que la région est réputée pour d’autres produits comme le câpre, le miel, l’huile d’olive, la viande d’agneau…, et ce n’est pas un hasard que les Romains considéraient, jadis, comme leur grenier, cette attachante Béja, anciennement appelée Vaga ou encore Badja, un coin de verdure chargé d’histoire. Et dont le présent n’est pas moins riche ni moins glorieux. Et pour cause…
La route du fromage par monts et prairies
Au milieu de ces terres dont les routes montent, descendent et zigzaguent, et dans cette végétation abondante et touffue, est nichée une construction (et d’ailleurs la seule) tout en blanc immaculé et à la toiture en tuiles couleur brique.
Cet endroit paradisiaque, nous l’avons découvert, le 14 avril courant, lors du lancement, par Orange Tunisie, à Béja, de son réseau de la 4G. L’opérateur privé a eu la bonne idée de faire découvrir à ses invités ce petit bout de paradis.
Ce jour-là, le temps était printanier et le déjeuner a été servi sur la terrasse et c’est-là que Zied Ben Youssef nous a raconté sa nouvelle expérience dans l’agriculture et l’élevage de brebis, devenu depuis peu son activité principale et sa raison de vivre.
Zied Ben Youssef, l’ancien rugbyman devenu fellah.
Cet ancien rugbyman international pendant 12 ans qui a fait des études supérieures en mécanique appliquée et qui prévoyait d’exercer un métier lié à cette spécialité, a, sur un coup de tête, tout abandonné pour se convertir en fellah.
«Oui, j’ai fait des études qui n’ont absolument rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui. Il faut dire que j’ai changé de métier à plusieurs reprises. Je le fais, en fait, tous les 5 ans. A 53 ans, j’ai décidé de me mettre à l’élevage de brebis. Surtout que j’ai hérité cette ferme et du savoir-faire de mes ancêtres», nous raconte Zied Ben Youssef.
Une filière laitière bien de chez nous
«L’élevage de la brebis sicilo-sarde, seule race laitière en Tunisie et en Méditerranée, est prometteur. Nous sommes encore à nos débuts. Nous venons de nous lancer en 2015», enchaîne Zied, marié à Atka, une cousine lointaine qui est aussi son associée dans Borj Lella, et papa de Ali, en 3e année math au Campus de Tunis, et de Fatma, l’étudiante en 2e année médecine à Monastir.
«Nous avons ressuscité un patrimoine. Il faut dire que notre avenir est dans notre passé. Nous avons une association qui compte 50 petits et moyens éleveurs et nous nous sommes spécialisés dans la transformation du lait de brebis», explique Zied Ben Youssef, fier d’être le gérant de cette entreprise familiale de Borj Lella qui commence à commercialiser ses produits 100% biologiques.
«Nous avons déjà ouvert 3 épiceries fines dont La Fringale à Hammamet (Entre les 2 Oueds) et Le Pescado à la Cité les Pins à la Marsa où on trouve une variété de fromage, du yoghourt et de la ricotta», ajoute-t-il.
Ici, les brebis sicilo-sardes se sentent chez elles.
Du 100% nature, du 100% brebis
Zied Ben Youssef, qui a reçu le prix du projet ‘‘La route du fromage en Méditerranée’’, qui lui a été décerné par Lactimed, en octobre dernier, emploie aujourd’hui 6 ouvriers permanents dont la moyenne d’âge est de 25 ans et compte développer son projet et augmenter le nombre de ses employés.
«Nous transformons 100 litres de lait par jour en produits laitiers. Nous faisons aussi du fromage à la commande», précise l’éleveur producteur de lait, qui, pour développer davantage son projet, compte beaucoup sur l’aide de Lactimed, qui cherche à valoriser les ressources et les compétences locales dans la région méditerranéenne dans le domaine de la production laitière.
Borj Lella pourrait devenir bientôt un gite pour accueillir des visiteurs, et pourquoi pas aussi un pôle de tourisme durable et environnemental.
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