Tunisie – Italie : coopération pour la promotion de l’hydroponie

La technologie de l’hydroponie (culture hors-sol) adoptée dans le cadre du projet de coopération tuniso-italien Intesa, permet de réduire l’utilisation de l’eau pour l’irrigation de 80% par rapport à l’agriculture traditionnelle et de 90% l’utilisation d’engrais chimiques, a déclaré Bayrem Hamada, le conseiller du président de l’Union de l’agriculture et de la pêche (Utap) et coordinateur du projet.

Lors d’une conférence internationale sur «les enjeux de l’agriculture durable en Méditerranée à travers le projet Intesa» (Innovation dans les technologies pour soutenir le développement durable de l’agro-industrie), qui s’est tenue jeudi 3 novembre 2022 à Tunis, Hamada a indiqué que ce projet, financé par l’Union européenne, doté d’un budget de 700 000 dinars, permettra à l’Etat de limiter le coût des intrants agricoles tels que les engrais, d’augmenter la production agricole et de favoriser la production de produits agricoles sans métaux lourds.

Promouvoir une agriculture durable et innovante

Ce projet vise également à soutenir les pratiques alternatives afin de promouvoir une agriculture durable et innovante dans un contexte de forte croissance démographique en Tunisie et dans le monde, d’évolution des besoins de consommation et de raréfaction des ressources en eau due au changement climatique.

Hamada a souligné l’importance de changer la mentalité des agriculteurs tunisiens qui doivent comprendre les avantages de l’agriculture hydroponique, en particulier au milieu des difficultés rencontrées par les cultures traditionnelles et leur forte exposition aux maladies transmises par le sol et la rareté de l’eau et des engrais.

Le responsable a également appelé l’Etat à reconnaître ces pratiques agricoles, à mobiliser des lignes de financement bancaire et à apporter le soutien nécessaire aux agriculteurs spécialisés dans ce type de cultures.

Directeur de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Nabeul et expert en hydroponie, Slim Zouari a insisté sur la nécessité d’adopter des cultures hors sol en milieu urbain et pas seulement en milieu agricole, afin que les citoyens puissent couvrir une partie de leurs besoins en légumes à feuilles et fruits, en utilisant de petites surfaces.

Il a déclaré que la culture traditionnelle utilise 400 kg d’eau pour produire un kg de légumes, tandis que la culture hors-sol n’utilise que 20% de cette quantité d’eau pour produire la même quantité de légumes, ce qui aide à s’adapter au changement climatique.

Irriguer la plante sans dégrader le sol

De son côté, Mohamed Amine Mechichi, agriculteur spécialisé dans la culture hors-sol à Soliman (Nabeul), a indiqué que cette technique permet à la plante de puiser facilement ses besoins en eau, sans dégrader le sol en limitant l’utilisation des engins agricoles pour labourer et ensemencer la terre, ainsi que des pesticides.

Mechichi, qui a lancé son projet en 2019, a déclaré que l’utilisation de la culture hors-sol lui permet de produire une tonne de basilic par mois sur une superficie n’excédant pas 500 m2, alors que la culture traditionnelle nécessite une terre d’au moins un hectare pour produire la même quantité de basilic. Il a ajouté que la production mensuelle de basilic ne consomme que 10 m3 d’eau/mois, soit un coût mensuel de 2 dinars.

Il a appelé à l’intégration des équipements nécessaires à la culture hydroponique (équipements en plastique principalement) dans la liste des équipements agricoles pour limiter leurs coûts d’importation et lever les barrières douanières et financières auxquelles sont confrontés les agriculteurs spécialisés dans ces cultures.

Plusieurs expérimentations de production de tomates et de légumes feuilles hors sol ont été menées dans le sud de l’Italie et en Tunisie, dans le cadre du projet Intesa, qui se poursuivra jusqu’en juin 2023.

Ce projet prévoit également, dans la période à venir, des sessions de formation pour les agriculteurs, les étudiants des écoles agricoles et les jeunes entrepreneurs ainsi que des initiatives de laboratoires vivants à Tunis et Sfax et des études de marché pour ce type de cultures.

D’après Tap.

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