Selon Houssem Chammam, la plupart des indicateurs de la dernière décennie confirment la dégradation du secteur de la santé publique en Tunisie, en disant : «Outre l’échec du modèle de développement dans le secteur de la santé publique à remédier aux erreurs et aux problèmes dont il souffrait avant la révolution, la période écoulée les a approfondis et accentué les disparités entre les régions». (Illustration : visite du président Saïed à l’hôpital Rabta, à Tunis).
Dans une déclaration à Mosaïque aujourd’hui, mardi 15 novembre 2022, l’analyste des politiques publiques à l’organisation Al Bawsala a parlé de l’enregistrement d’un quasi-effondrement du système de santé publique, qui a été observé pendant la période de la pandémie de la Covid-19.
Houssem Chammam a révélé qu’au cours des dix dernières années, l’investissement par habitant dans la santé publique est passé de 170 dollars en 2013 à 140 dollars en 2018, ajoutant que «de 2011 à 2022, l’Etat a investi près de 2 millions de dinars dans la santé publique, soit une moyenne de 250 dinars par citoyen sur une période de 12 ans, qui peut-être considéré comme un montant insignifiant par rapport aux dépenses des autres pays, sachant que la moyenne mondiale par habitant est d’environ 661 dollars. C’est ce qui a conduit à l’effondrement du système de santé», a-t-il déclaré.
Une baisse a été enregistrée dans le nombre d’hôpitaux régionaux, au cours de la même période. En effet, en 2012, il y avait 33 hôpitaux régionaux contre 31 aujourd’hui. S’agissant des hôpitaux locaux, on n’en a construit qu’un seul en 12 ans, en plus de 85 dispensaires, ce qui est considéré comme un nombre très faible qui ne correspond pas au taux de croissance démographique, d’autant plus que le nombre de patients par médecin dans le secteur public a doublé entre 2012 et 2016.
Houssem Chammam a évoqué le cas l’hôpital Aziza Othmana, à Tunis, où le nombre de patients par médecin et par an était d’environ 560 en 2012, contre environ 1200 aujourd’hui, déplorant, au passage, la poursuite du travail selon les mêmes méthodes dans le secteur de la santé et la diminution du budget du ministère de la Santé.
Autre problème souligné par l’expert : la baisse du nombre des médecins spécialistes dans le secteur public entre 2013 et aujourd’hui, en raison des sorties à la retraite, des départs pour le travail dans le secteur privé et l’émigration, pointant l’augmentation du nombre de lits en contrepartie de la baisse du nombre des médecins spécialistes.
Houssem Chammam a ajouté que l’approche du développement dans le secteur de la santé en Tunisie a échoué, ce qui nécessite de la reconsidérer afin de redresser la situation et de trouver des solutions pour l’avenir, en lançant de grands projets de santé publique dans plusieurs régions pour relancer ce secteur stratégique et ne pas compter exclusivement sur le secteur privé, soulignant que 90% des cliniques privées se trouvent sur la bande côtière en Tunisie.
I. B.
Donnez votre avis