La société civile dénonce une catastrophe sanitaire et environnementale à Sfax et appelle les autorités à intervenir en urgence

«Sfax étouffe !» : L’incendie qui a eu lieu dans la décharge provisoire (fermée depuis le 31 octobre) située sur la route du port de Sfax, a provoqué une fumée épaisse et des odeurs ayant conduit à des cas d’asphyxie, obligeant des établissements scolaire à fermer, notamment l’école primaire Mohamed Bali, au centre-ville de où des enfants ont été pris en charge par la protection civile.

Tout en exprimant leur ras-le-bol, les habitants de Sfax craignent légitimement pour leur santé et ont appelé les autorités à intervenir en urgence pour éviter une catastrophe sanitaire et environnementale dans la région, tout en pointant du doigt une mauvaise gestion des autorités régionales et locales, et en particulier le gouverneur Fakher Fakhfakh dont il réclament le limogeage.

«Ce qui se passe à Sfax est une vraie catastrophe sanitaire qui va avoir un retentissement à court, moyen et long terme sur la santé des sfaxiens, étant donné que la fumée contient très probablement des molécules extrêmement toxiques et probablement cancérigènes», a commenté Dr Youssef Zied Elhechmi, en tirant la sonnette d’alarme.

D’autres ont pour leur part dénoncé un crime d’Etat, comme l’ancien député Attayar Majdi Karbai qui a publié un post pour dénoncer la situation à Sfax : «Lorsque l’État n’arrive pas à trouver des solutions pour éliminer les déchets… les brûler devient la solution… Un crime d’État contre l’environnement, contre les humains et contre les animaux».

Quant au gouverneur, qui a organisé une réunion d’urgence, ce soir, il a de son côté évoqué un incendie criminel, en affirmant avoir porté plainte contre X et en ajoutant que «des parties sont derrière ce désastre pour des raisons politiques et qui cherchent à faire perdurer le problème des déchets à Sfax», dit-il, en rappelant qu’à ce jour, au moins 3500 tonnes d’ordures ont été levées.

«Ces parties veulent juste s’attaquer aux autorités et n’ont aucun intérêt, ni pour les habitants, ni la région et encore moins pour le pays… Des intox circulent sur Facebook pour casser tous les efforts effectués par les autorités et j’espère que le président m’écoute et que Facebook soit fermé !», a-t-il encore lancé

Quant à la direction régionale de la protection civile, elle a affirmé la découverte de plusieurs foyers à distance dans la décharge, en affirmant que cela laisse croire que l’incendie a été provoqué, d’autant que la situation météorologique ne peut pas renforcer les flammes, a lancé le colonel major directeur régional de la PC, en ajoutant que les agents sont intervenus depuis hier soir et que la plupart des flammes ont été, pour l’heure, maîtrisées.

Pour sa part, la section de Sfax sud de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a pointé du doigt les autorités locales, régionales et nationales estimant que celles-ci sont incapables de gérer la crise écologique et sanitaire dans la région, tout en critiquant la politique adoptée par le ministère de l’Environnement et l’Agence nationale de gestion des déchets et des hautes autorités, à l’instar du président de la République Kaïs Saïed et la cheffe du gouvernement Najla Bouden

La LTDH a de ce fait appelé la présidence de la République à tenir, en urgence, un conseil ministériel pour étudier la situation, en collaboration avec les composantes de la société civile et les structures professionnelles et autres acteurs locaux, tous appelés «à s’unir dans le but de sauver la ville et la santé de ses habitant pour défendre le droit à un environnement sain».

Y. N.

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