Pour le ministre des Affaires étrangères Khemais Jhinaoui, le retour des touristes, notamment britannique, aiderait la Tunisie à sauver sa transition démocratique.
Entretien traduit de l’anglais par Marwan Chahla
M. Jhinaoui a lancé un nouvel appel aux autorités britanniques pour qu’elles «défendent cette tentative tunisienne ‘unique’ qui consiste à établir un Etat arabe démocratique» et qu’elles «appuient encore plus les efforts de la Tunisie à faire face à la menace que fait peser sur elle l’organisation terroriste de l’Etat islamique (EI, Daêch).»
Dans l’attente de la bonne volonté de Londres
Une nécessaire coopération sécuritaire
Dans une interview accordée, mercredi 8 juin 2016, au quotidien londonien ‘‘Evening Standard’’ (‘‘ES’’), le ministre des AE a ajouté que la Tunisie cherche à créer un «Etat musulman moderne» sachant allier islam et valeurs universelles des droits de l’Homme et de la démocratie.
Il a également fait observer que les mesures de sécurité plus renforcées et la construction d’un mur le long de la frontière avec la Libye voisine ont déjà consolidé dans une large mesure la jeune démocratie tunisienne et amplement réparé les dégâts occasionnés par la tuerie de Sousse de l’année dernière et les autres attaques terroristes contre notre pays.
Pourtant, Khemaïs Jhinaoui avertit, la Tunisie n’est pas au bout de ses peines et elle a besoin de plus d’assistance britannique, notamment au moyen d’une coopération sécuritaire plus étroite et plus accrue et la levée de l’interdiction de voyage en Tunisie que le Foreign Office a imposée aux ressortissants britanniques au lendemain des attentats terroristes de l’an dernier – ceux du musée du Bardo, le 18 mars 2015, et de l’hôtel Imperial Marhaba de Sousse, le 26 juin 2015 (qui a coûté la vie à 30 ressortissants britanniques, Ndlr).
Ces gestes de bonne volonté et de compréhension du gouvernement de David Cameron permettraient à la Tunisie de relancer l’activité de son économie et réussiraient, par conséquent, à déjouer définitivement les visées déstabilisatrices de Daêch…
Vers la levée de l’interdiction
M. Jhinaoui a aussi expliqué que «ces gens-là (les terroristes de l’EI) s’en prennent à la Tunisie comme ils le font parce que notre pays est un modèle diamétralement opposé à leur système (…) D’une part, vous avez la Tunisie, pays musulman moderne qui adhère sans réserve aux principes universels de démocratie, de liberté et des droits humains. Et d’autre part, il y a Daêch, une organisation terroriste qui souhaite imposer un système de pensée et un mode de vie qui remontent au Moyen Âge, et une vision qui est tout à fait contraire aux valeurs que les Tunisiens mettent en pratique aujourd’hui et celles qu’ils entendent réaliser à l’avenir.»
Pour le ministre des AE, les choses sont tout à fait claires: la Tunisie a consenti d’énormes sacrifices à consolider la sécurité de son territoire et celle de ses frontières; ces efforts coûteux, en ressources humaines et matérielles, méritent d’être pris en considération par les autorités britanniques.
Khemaïs Jhinaoui interpelle le Foreign Office: «Nous souhaitons qu’ils (les responsables britanniques, Ndlr) viennent faire par eux-mêmes le constat des progrès sécuritaires que nous avons réalisés. Et s’ils trouvent qu’il y a eu amélioration, cela doit nécessairement impliquer l’annulation de l’interdiction de voyage en Tunisie.
«Jusqu’ici, malheureusement, aucune démarche de ce genre n’a été entreprise (par le gouvernement de David Cameron, Ndlr) et nous trouvons cela très frustrant. Depuis l’attaque terroriste de Sousse, d’énormes progrès ont été accomplis dans notre pays. Il est indéniable que nous sommes en présence d’un pays tolérant, la Tunisie, qui est en train de faire de son mieux pour défendre ses citoyens, protéger les visiteurs étrangers et garantir la sécurité de ses sites sensibles, y compris ses sites touristique», conclut-il.
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