Bien qu’ils aient été désavoués par 92% des électeurs lors du 1er tour des législatives, les partis soutenant le projet politique et le pouvoir personnel de Kaïs Saïed ne semblent pas avoir tiré, eux aussi, les leçons de cette belle fessée électorale. Ils sortent peu à peu de la torpeur où les a plongés «le peuple qui ne veut plus», et tentent de resserrer leur rang autour de leur idole du moment.
Par Imed Bahri
Le président du bureau politique du Harak du 25-Juillet Abderrazek Khallouli a appelé le président de la république Kaïs Saïed à procéder à un remaniement ministériel ou à former un nouveau gouvernement composé d’experts défendant le processus du 25-Juillet, par allusion à la proclamation de l’Etat d’exception le 25 juillet 2021.
M. Khallouli est un ancien membre de l’Assemblée nationale constituante (ANC), élu en 2011 sur une liste du Parti du Néo-Destour. Il est passé ensuite par deux autres formations politiques, le Mouvement du Tunisien pour la liberté et la dignité puis Al Amen, dont personne ne se souvient, avant de former le Harak pour s’incruster dans le projet politique du président Saïed.
Girouettes, opportunistes et retourneurs de veste
Quatre partis en une décennie, il faut le faire. C’est ce qui vaut à M. Khallouli d’être qualifié par certains de girouette politique, tournant toujours dans le sens du vent. Alors que d’autres le qualifient carrément d’opportuniste et de grand retourneur de veste devant l’Eternel.
M. Khallouli, qui surfe aujourd’hui sur le projet politique du président Saïed et cherche à se frayer une place dans sa galaxie, a réaffirmé, lors d’une conférence de presse tenue mercredi 21 décembre à Tunis, que le Harak du 25-Juillet continue de soutenir le président Saïed tant qu’il est «l’architecte du processus du 25-Juillet». Le Harak, qui avait appelé il y a quelques semaines au report de la date des législatives, avant d’y présenter des candidats et d’y participer activement, ne peut en aucun cas appeler à une élection présidentielle anticipée, a déclaré M. Khallouli. Mais il a omis d’expliquer que son mouvement a misé toutes ses cartes sur le locataire du palais de Carthage et ne peut courir le risque de le voir s’en aller.
Par ailleurs, Khallouli a souligné que le Harak avait demandé une rencontre avec le chef de l’Etat pour lui transmettre un ensemble de revendications, dont le changement des 24 gouverneurs en fonction, comme si les problèmes actuels de la Tunisie pouvaient être réglés par un simple jeu de chaises musicales, en allongeant la liste des incompétents qui ont été nommés ministres, secrétaires d’Etat, gouverneurs et Pdg au cours des dix dernières années.
Des politiciens tombés de la dernière pluie
Concernant les résultats des élections législatives, Abderrazek Khallouli a indiqué que sa formation politique avait remporté 10 sièges au parlement dès le premier tour et qu’il travaille pour en avoir 40 de plus au second tour, afin de former un bloc parlementaire solide, qui sera toujours à l’écoute des préoccupations et des revendications du peuple, a-t-il ajouté, tout en estimant que le taux élevé d’abstention enregistré aux élections législatives (92%) s’explique par les conditions économiques et sociales difficiles dans lesquelles vivent la plupart des Tunisiens.
Le porte-parole du Harak Mahmoud Ben M’barek a indiqué, de son côté, que la participation aux élections législatives est «très correcte» (sic !), compte tenu de la situation économique et sociale du pays, mais il n’a pas cru utile de désigner le ou les responsables de la grave détérioration de cette situation au cours des deux dernières années où les Tunisiens ont fait l’expérience, inédite pour eux, des pénuries des produits de première nécessité.
Et bien entendu, avec cette race de politiciens tombés de la dernière pluie (benalistes recyclés, islamistes déguisés, nationalistes arabes en quête de dictateur, demandeurs d’emploi rêvant d’un gros salaire, hors-la-loi cherchant une hypothétique immunité…), nous pouvons être rassurés sur l’avenir de nos enfants !
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