L’Union populaire républicain (UPR) accuse le ministère de la Santé d’être inféodé aux multinationales du médicament contre les intérêts nationaux. Pas moins ?
Dans un communiqué publié mercredi, ce parti fondé et dirigé par un médecin, Dr Lotfi Mraihi, accuse le ministère de la Santé publique, «sous sa direction actuelle» (sic !) de tous les forfaits: connivence, corruption, prises illégales d’intérêt et laxisme avec, notamment, l’affaire des stents périmés posés à des patients dans des cliniques privées de Tunis.
«Toutes ces affaires que nous avons révélées et sont actuellement en cours d’instruction n’ont pas amené le ministère à réviser ses pratiques», indique l’UPR, qui croit pouvoir révéler à l’opinion nationale «une nouvelle affaire dont les retombées économiques menacent la pérennité d’un de nos fleurons en matière d’industrie pharmaceutique.»
Le fleuron en question ce sont les laboratoires publics Saiph, qui, en vertu d’accords avec les laboratoires français Servier, fabriquaient, jusque-là, certains médicaments dont ils détiennent les AMM (autorisation de mise sur le marché).
«Les laboratoires Servier ont jugé par la suite de ne pas reconduire leur collaboration avec Saiph. N’empêche que ce dernier restait l’unique propriétaire de ces AMM dont il ne pouvait être dépossédé qu’en cas d’infraction à l’article 11 qui régit les AMM, ce qui n’a pas eu lieu», précise l’UPR, qui déplore l’intrusion dans l’affaire de la direction de la pharmacie et du médicament (DPM), relevant du ministère de la Santé. Alors que les deux partenaires étaient en négociation pour résoudre à l’amiable leur cessation de collaboration, la DPM a cru pouvoir décréter le retrait des AMM de Saiph et leur attribution à une tierce compagnie.
«La DPM a ainsi pris de façon ostentatoire parti de la firme française contre les intérêts d’une firme nationale dans laquelle l’Etat est actionnaire. La DPM a non seulement outrepassé ses prérogatives mais a dépouillé l’entreprise nationale de toutes ses cartes de négociations. Saiph se trouve de ce fait dans une situation financière délicate qui menace l’entreprise et ses salariés. Alors que le conseil d’administration prévoyait une augmentation de capital de 25 millions de dinars (MDT)», déplore l’UPR.
Tout en appelant l’UGTT et l’Utica à se mobiliser pour soutenir Saiph et ses employés, le parti du Dr Mraihi dénonce ces «agissements inconsidérés et hors-la-loi de la directrice de la DPM, certainement avec l’aval de son ministre», qui créent «un précédent fort préjudiciable aux entreprises nationales», qui «seraient à l’avenir à la merci de leurs partenaires étrangers qui dicteraient leurs lois», au moment où «la fabrication sous licence constitue environ 40% de l’ensemble des médicaments produits en Tunisie.»
I. B.
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